Comment je me suis réconcilié avec saint Paul

J’ai toujours eu beaucoup de mal à accepter les passages de saint Paul exhortant les femmes à être soumises à leurs maris.

Ça m’a toujours gêné parce que ça m’a toujours semblé extrêmement misogyne. Et toutes les contorsions exégétiques pour transformer cette soumission en son opposé, une décision libre de la part de la femme, me mettaient encore plus mal à l’aise car j’avais l’impression d’avoir affaire à une explication non seulement hypocrite mais surtout pitoyable.

La plupart des homélies sur le sujet étaient toutes structurées en deux parties : première partie la dénégation (« il ne s’agit évidemment pas de machisme »), deuxième partie le relativisme culturel (« il faut remettre les paroles de saint Paul dans le contexte de son époque »). D’où la question que je me posais inévitablement : « s’il ne s’agit pas de machisme alors pourquoi faut-il replacer les propos de saint Paul dans leur contexte ? S’il n’y avait pas de problème que fallait-il relativiser ? »

J’en concluais que si les prédicateurs que j’entendais n’utilisaient pas des arguments meilleurs et plus convaincantes c’est qu’ils n’en avaient vraisemblablement pas en magasin ce qui accroissait mon malaise et ma suspicion ainsi que ma méfiance envers ces prêtres..

Ce qui me choquait le plus c’est que j’avais l’impression qu’on demandait aux femmes davantage qu’aux hommes.

Aux hommes Paul demandait « seulement » d’aimer leurs femmes ce qui, après tout n’est que le minimum syndical quand on décide de se marier. N’est-ce pas l’objet même du mariage ? Cette recommandation m’avait toujours semblé ne pas en être une.  Elle me paraissait tellement implicite qu’elle ne pouvait pas être donnée comme une recommandation qui viendrait en plus.

Aux femmes, en revanche, il demandait non seulement d’aimer leurs maris – au moins implicitement puisqu’il parlait du mariage – mais en plus et surtout de leur être spontanément soumises. En d’autre terme de s’exposer à leurs décisions et à leurs comportements arbitraires sans garantie et sans contrepartie. Inacceptable à mes yeux.

Inacceptable jusqu’au jour, récent, où j’ai compris que Paul demandait à l’homme et à la femme de se convertir à l’amour en consentant chacun à faire l’effort qui lui coûtait le plus : rentrer en elle-même pour la femme, sortir de lui-même pour l’homme.

1/ Le plus difficile pour une femme : rentrer en elle-même

Depuis que je suis petit j’ai toujours vu les femmes mariées être surchargées et sur-occupées. Certes je comprenais qu’il n’était pas évident de concilier vie de famille et vie professionnelle mais cela ne changeait rien à ma perplexité.

En effet leurs maris aussi étaient contraints de concilier les deux et me semblaient s’en tirer mieux. Certes ils en faisaient moins et sans doute la répartition des tâches était-elle susceptible d’être rééquilibrée mais cela n’expliquait pas pourquoi c’était presque toujours les femmes qui en faisaient plus. Une fois c’est un hasard, deux fois un curieux hasard mais à partir de trois fois ce n’est plus un hasard.

J’avais l’impression d’être en permanence dans la publicité pour les piles Duracell où des petits lapins tapaient sur des tambours sans s’arrêter jusqu’à épuisement de leur réserve d’énergie, présentée comme particulièrement longue.

Sans compter que même les femmes qui ne vivaient pas en couple me semblaient fonctionner comme des lapins Duracell. C’est la tentation de Marthe, qui s’agite et qui récrimine, par opposition à Marie qui médite et qui accueille.

Devenu adulte j’ai commencé à comprendre que, dans le cadre des relations humaines en général, les femmes étaient plus disposées que les hommes à s’investir personnellement et émotionnellement pour que les choses marchent. J’ai compris qu’elles y étaient plus disposées parce qu’elles en attendaient beaucoup et souvent bien davantage que les hommes. Dans le cadre d’une relation de couple, de la gestion concrète d’un foyer et de l’éducation des enfants les femmes ont plus d’attentes et plus d’idées sur ce qu’il faudrait faire et surtout ne pas faire.

Mais l’expérience montre aussi que cette volonté de bien faire se confond souvent avec un désir viscéral de faire les choses à sa façon qui aboutit régulièrement à faire les choses à la place de l’autre pour s’assurer qu’elles soient bien faites (c’est-à-dire faites à sa façon) et donc d’imposer ses propres règles ou au moins d’être la seule à faire les choses (monopole).

Dans le couple l’homme choisit moins l’affrontement que la stratégie d’évitement pour préserver ce qu’il considère comme sa liberté inaliénable. Quitte à déserter définitivement le foyer dans les cas extrêmes, ce qui est le paroxysme de la stratégie d’évitement. La femme a un tel besoin de se donner qu’elle a parfois du mal à se retirer pour laisser l’autre exister.

C’est en faisant ce constat que j’ai mieux compris ce que recommandait saint Paul à la femme : en lui disant « sois soumise » il lui dit « lâche prise ».

La première formulation sent mauvais l’encaustique des siècles passées tandis que la deuxième fleure bon la psychologie de couple contemporaine. Mais les deux formules sont équivalentes.

Toutes les deux signifient « ne t’épuise pas et ne l’épuise pas à vouloir tout contrôler tout le temps. Cesse de le traiter comme un enfant et traite le comme ton mari. Rends-lui sa liberté d’initiative. Pour que toi tu puisses cesser de vivre à l’extérieur de toi-même et que lui puisse déployer sa liberté au service de votre couple et de votre foyer. Rentre en toi-même, tu y seras bien. Tu seras enfin chez toi. Tu seras vraiment toi et lui sera enfin libre de t’aimer à sa façon c’est-à-dire véritablement. »

Ce qui fait de cette « soumission » un lâcher prise et non une aliénation c’est qu’elle est ordonnée à l’amour et consentie par amour c’est-à-dire librement par la femme. Si l’homme en profite pour se comporter en despote, la manipuler ou l’humilier alors il n’y a plus aucune raison de jouer le jeu. Dans la vie de couple comme ailleurs l’adjectif intolérable a un sens. Cette « soumission » n’a de sens si elle sert à rendre l’homme capable d’aimer à son tour et à sa manière.

2/ Le plus difficile pour un homme : sortir de lui-même

Car pour l’homme le plus difficile est bien de sortir de son égoïsme pour se mettre au service du bien d’autrui. L’ égoïsme de l’homme est légendaire. Lui-même ne s’en défend pas vraiment. Ou alors tellement mollement que ça revient au même.

Son égoïsme se manifeste d’abord par la paresse. En termes relationnels cela se traduit souvent par le refus de s’engager. C’est bien connu : une fois qu’il a obtenu « ce qu’il veut », monsieur est souvent moins empressé et ne s’investit plus autant dans la relation. La première force de l’homme c’est sa force d’inertie.

Une autre manifestation de son égoïsme profond est sa capacité à donner libre cours à ses pulsions au détriment d’autrui (pulsions violentes, pulsions sexuelles). Les violences conjugales et les viols sont majoritairement l’œuvre d’hommes. L’industrie de la pornographie ne prospère que grâce aux hommes. Les guerres ne durent que parce que les hommes aiment se battre.

Ultime manifestation de l’égoïsme masculin : la volonté de dominer pour le seul plaisir de dominer et d’exercer le pouvoir simplement pour en jouir. Les conséquences pour autrui n’existent pas parce que le monde extérieur devient une variable d’ajustement.

Certes l’homme est capable de se donner pour réaliser de grandes choses mais sous certaines conditions. A condition d’y être poussé : derrière chaque grand homme, cherchez la femme. Ou bien à condition d’être attiré : certains hommes doivent leur carrière à leur première femme et leur deuxième femme à leur carrière.  Ou encore à condition d’être exalté. L’homme est capable de sacrifier sa vie en échange de la reconnaissance de ses pairs (carrière, héroïsme) ou de la postérité (la gloire).

Mais il lui est beaucoup plus difficile d’accepter librement et délibérément les mille et une petites morts, de consentir à des sacrifices non reconnus, de supporter sans broncher et sans regrets les frustrations inévitables qui accompagnent la lente maturation d’un amour authentique. Il lui est plus facile de mourir pour la femme qu’il aime que de vivre avec elle.

Le plus difficile pour l’homme c’est de s’oublier. C’est de sortir de lui-même pour aimer vraiment : sans espoir de retour sur investissement. Qui n’a pas entendu cette phrase d’un égoïsme tellement massif et naïf à la fois : « Moi les enfants ne commencent à m’intéresser qu’à partir du moment où ils peuvent parler » ?

Le plus difficile pour lui c’est de s’oublier pour aimer. Il est capable de s’investir et de donner sa vie pour quelque chose qui le dépasse mais à condition que ça l’exalte (l’armée, l’équipe, la guerre).

  A contrario on comprend pourquoi saint Joseph nous est donné en exemple. Par amour il renonce à toutes les aspirations masculines légitimes (une vie sexuelle normale, une descendance nombreuse et assurée, une réputation intacte, l’estime de ses pairs) pour accepter une vie ni exaltante ni exaltée dans une famille qui est l’exact opposé d’un modèle familial : un enfant unique conçu hors-mariage élevé par un père adoptif.  Et pourtant c’est le modèle du mari et du père de famille.

Non seulement ce que saint Paul demande à l’homme est ce qui lui est le plus difficile mais il lui donne en plus un modèle qui est hors d’atteinte : aimer sa femme comme le Christ aime son Eglise.

Pourquoi comme le Christ ? Parce qu’en se faisant homme Dieu a montré aux hommes comment aimer. Au lieu de faire usage de sa toute-puissance pour vaincre le mal et la souffrance, il a manifesté sa toute-puissance dans l’ordre de l’amour et du don au point de souffrir et de mourir pour nous sans attendre notre reconnaissance, sans retour sur investissement, gratuitement, de manière inconditionnelle et absolue.

C’est en prenant conscience de tout cela que je me suis réconcilié avec saint Paul :  en comprenant qu’il ne s’agissait pas d’une sentence rendue par un juge des affaires familiales mais d’une prescription médicale.

Et comme les prescriptions des médecins sont souvent illisibles il m’a fallu plusieurs décennies pour parvenir à déchiffrer  l’écriture du  docteur saint Paul et découvrir le contenu de son ordonnance pour le couple.

En fait il avait rédigé deux prescriptions distinctes et complémentaires : « lâcher prise » pour la femme et « oubli de soi » pour l’homme.

Depuis le jour où j’ai compris ça, ça va beaucoup mieux entre saint Paul et moi !

19 réflexions sur « Comment je me suis réconcilié avec saint Paul »

  1. C’est bien intéressant, l’analyse de ce qui se joue dans la femme et dans l’homme me semble pertinente, même si je ne suis pas entièrement d’accord avec tout. En tout cas on n’entend pas si souvent un homme exprimer les choses ainsi, alors bravo !
    Le problème demeure sur l’injonction « Soyez soumises à vos maris » quand l’autre ne joue pas le jeu et profite de la situation. Il faut aussi tenir compte du manque de foi dans les couples qui ont reçu malgré tout indistinctement ce message. Sans la foi, il perd tout son sens.
    Et il demeure un problème fréquent dans les couples : la femme qui a la foi chrétienne, et l’homme qui ne l’a pas. Se soumettre à lui, dans ce cas, peut équivaloir à abandonner sa foi au profit du mari. Et là, c’est regrettable, et je ne pense pas qu’on puisse soutenir que Dieu – ou même simplement saint Paul – ait voulu ceci.
    1. Bonjour Véronique,
      En fait Paul s’adresse à une communauté où dans les couples les 2 sont croyants, et je pense que c’est à cette condition qu’on peut entendre ce qu’il dit, de la façon dont l’interprète l’auteur du billet.
      Ainsi, quand un homme n’est pas croyant et que sa femme l’est, il est difficile de vivre cette réalité, c’est certain. La « soumission », dans ce cas, a peu de chance d’être comprise autrement que comme « tu es ma femme donc tu m’obéis » !
      Il faut vraiment être sur la même longueur d’ondes.
      1. bonjour Laurence, voici un verset qui peut alimenter cette discussion même si il peut paraître un peu raide: 1 pierre 3,1. Fraternellement.
    2. Hum, d’abord, est-ce vraiment une parole de Dieu? si oui, c’est grand, très grand, en fait c’est tellement grand que ça doit à un moment ou un autre nous dépasser.
      Dieu est grand, tellement grand que parfois on a du mal à le comprendre et si ce n’est jamais le cas, si on comprend tout, c’est que ce n’est pas Dieu qui parle et quand c’est le cas, quand la parole nous dépasse, là se trouve la confiance, la foi. Marcher sur l’eau n’est pas chose facile même quand la Parole faite chair(Jésus) le demande.
      L’Eglise a-t-elle nié l’interprétation littérale de ce texte? Jamais. Et depuis combien de temps en somme nous choqués? D’ailleurs les femmes qui furent marié et qui ont été canonisé, l’ont vécu tel qu’on se refuse de le vivre ( Sainte Zélie Martin/ sainte Rita/…)

      Maintenant pour ceux qui n’arrivent pas à faire confiance dans cette parole qui les dépasse, ou pour ceux qui l’acceptent mais aimeraient mieux la comprendre, je propose 3 explications indépendantes:

      1)l’homme et la femme sont très différents : La femme semble entendre et voir des choses que l’homme n’entend pas et ne voit pas. On en fera même une des qualités féminines: l’intuition féminine. La femme a donc un don d’écoute, au sens large, du monde spirituel. Elle entend Dieu et elle entend le diable mieux que l’homme. L’homme, peuchère, face à ce magnifique don de Dieu , l’homme plus terre à terre, aura le difficile rôle de faire le tri dans ce que voit et entend la femme et donc de choisir de discerner. Ainsi l’un sera dépendant de l’autre. Ils ne deviennent qu’un… Pour prendre une image, un bateau un magnifique trois mâts et au sommet du plus haut une sorte de balcon pour regarder au loin, La femme est sérieuse, concentrée…elle reste en haut de ce mât pour regarder et crier si besoin : Iceberg à gauche ou terre à droite, peu de fond droit devant… l’homme lui se trouve au gouvernail et écoute la femme, lui fait confiance, et discerne en fonction des différentes données, mais il décide. Et partout où le bateau ira, la femme ira. Ils se font confiance mutuellement. Depuis que Dieu est mis au second plan dans notre monde, la femme en ras le bol de son rôle, elle a voulu prendre le gouvernail. Pour cela, elle est descendue du balcon et plus personne ne regarde et n’écoute d’en haut. Oh, du gouvernail on voit des choses, mais c’est pas pareil et l’homme ne sait plus quoi faire de ses 10 doigts, ce qu’il faisait depuis la nuit des temps lui a été enlevé.
      Bien sûr, il regrette encore plus les erreurs de gouvernail qui a conduit la femme à descendre, mais…

      2) Dieu a dit à l’homme et la femme mariés : Vous ne faites qu’un. Et que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni. Oui, c’est bien beau, mais comment faire lorsqu’un veut aller à droite et l’autre veut aller à gauche ? On prie, oui, mais si on n’entend pas la réponse ? On tire au sort, oui, mais sommes nous d’accord sur les différentes possibilités ? On tire au sort entre la solution 1 et 2 ou la solution 1 2 ou 3 ? Ah non, mais la solution trois n’est pas une solution… En fait, Dieu a dit : Il faut qu’il y en ait un qui décide, ce sera…. eeeeeuuuh : Celui qui est le plus fort physiquement ! Parce qu’en fait faire un choix, c’est très difficile et fatiguant. Se laisser conduire c’est plus reposant et ça laisse l’esprit libre pour…( on en revient au 1) pour écouter et regarder ce qui se joue sur le plan spirituel.
      Il est vivement conseillé à l’homme d’écouter la proposition de sa femme sauf si c’est pour croquer dans le fruit défendu…

      3)Être attiré par le fait de diriger, est une aberration quand on sait que celui qui dirige doit le faire comme celui qui sert luc 22,26. En fait, celui qui dirige comme il faut, doit le faire comme on porte un fardeau. Naturellement, tout le monde devrait vouloir être dirigé. Les papes ont bien compris le poids de cette charge et c’est pour cela qu’il existe, pour ceux qui viennent d’être élus Pape, la « chambre des pleurs ». Seuls ceux qui ont déjà dirigé avec amour savent combien diriger est pesant. Donc si être le chef est si lourd, personne ne devrait vouloir le faire et si personne ne veut le faire il faut en désigner un, et qui c’est qui trinque ? Les hommes… priez pour nous.

      Maintenant pour rassurer ceux qui ont peur: Il existe une hiérarchie des autorités et donc nous ne sommes jamais soumis à ce qui est immoral. Ou plutôt, nous devons toujours rester soumis à l’autorité supérieure.

      Attention il n’est jamais écrit que l’homme doit soumettre sa femme, non jamais. Alors, si elle refuse de se soumettre c’est lui qui doit le faire car il est le chef, donc le chef de l’unité. Donc, si l’épouse va à droite alors que l’époux a demandé qu’on aille à gauche, il faudra qu’il aille à droite.

      Oui il faudra accepter de se soumettre à des erreurs et des choses qui nous paraissent stupides, ce sera d’ailleurs les seuls moments où vous serez vraiment soumis car les autres fois, vous serez d’accord avec l’injonction et donc vous ne serez soumis qu’à vous même.

      Il faut donc aussi que les femmes se soumettent à leur mari, même si leur mari ne fait pas sa part qui consiste à l’aimer. Les deux demandes de Dieu sont indépendantes.

      la Bible dit aussi, et avant le verset en question, soyez soumis les uns aux autres. Nos femmes sont des autres, donc on doit se soumettre à sa femme. Alors l’homme dont la femme fait des injonctions, même si ce n’est pas son rôle, vous voyez ce qu’il vous reste à faire, soyez un exemple pour vos épouses, apprenez leur par votre exemple à se soumettre dans la joie et la bonne humeur.

      Je voudrais vous dire pour conclure que ce verset est sans doute une des clefs qui pourrait nous permettre de sortir de la crise générale que nous traversons, car si les enfants ont au quotidien un bel exemple de la manière dont on doit se soumettre avec sérieux et avec joie à une autorité, ils le feront assurément à leur tour auprès de leurs parents, de leurs professeurs, de leurs patrons, envers leurs propres engagements, auprès de leur accompagnateur spirituel… et tous cela ordonné bien sûr à la soumission à la Parole de Dieu source de toute paix et de toute joie.

      Voici en quelques lignes pour ceux qui ont des oreilles ce qu’il faudrait écrire en 30 pages pour ceux qui ont surtout une grande bouche.

      Je vous aime

      Frank

      pour aller plus loin : Rom 13,1 ; Jean 17,21 avec philipien 2;8 , matthieu 17 ;24, 27, jacque 4 11 12, act 4, 20 Tite 3,1
      caté 1898-1899


      1. Merci pour cet article même si, à lire votre dernier paragraphe, j’ai l’impression que vous faites partie de la catégorie de ceux qui, selon votre propre expression, ont une grande bouche.

        Je suis d’accord pour dire qu’il faut faire confiance même quand on ne comprend pas tout mais à condition de préciser que ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas qu’il faut forcément faire confiance. La confiance n’est pas synonyme d’ignorance. La confiance donnée librement est enracinée dans la conscience libre. La confiance est une décision qui suppose l’assentiment de l’intelligence et du cœur. Ce n’est pas l’ablation du libre-arbitre. Et on décide de faire confiance pour un certain nombre de raisons, pas sur une injonction arbitraire et extérieure. Sinon on se ment à soi-même.

        De même attention à ne pas confondre le souhaitable et le réel. Il faut concevoir le fait de diriger comme un service et dans ce cas là le fait d’être attiré par le fait de diriger est une aberration. Mais cette aberration est tellement répandue qu’elle est la norme – au sens statistique du terme – plutôt que l’exception. Les candidats ne manquent pas. C’est la source de toutes les guerres, les affrontements, c’est la matrice de la vie politique, de la croissance économique etc. La volonté de puissance est partout, y compris dans l’Eglise. Il n’y a qu’à écouter le pape François ou se rappeler les propos du pape émérite benoît XVI…

        C’est pour cela que je ne peux pas être d’accord avec l’idée que nous ne serions jamais soumis à ce qui est immoral sous prétexte qu’il existe une hiérarchie des autorités. Si tel était le cas le scandale des prêtres pédophiles et des évêques qui les ont couverts pendant des années nous aurait été épargné. Pour ne rien dire de la tragédie que constitue la congrégation des légionnaires du Christ ou de la corruption actuelle du Vatican que le pape François dénonce à tours de bras.

        De même accepter de se soumettre à des erreurs et des choses qui nous paraissent stupides peut se justifier mais dans une certaine mesure seulement (ce qui requiert, là encore, de faire usage en permanence de son discernement)
        C’est la définition même du mot « tolérance ». On ne tolère que ce que l’on désapprouve parce que l’on estime que préserver la relation est un bien supérieur. Mais cela dépend aussi du contexte, ce n’est pas un principe absolu. Il existe des choses intolérables, même dans le couple : atteintes à la vie ou à l’intégrité du conjoint ou des enfants, manipulations psychologiques, mauvais traitements etc. C’est ce qui justifie la séparation de fait aux yeux mêmes de l’Eglise.

      2. Salut Frank,

        Je me pose une question suite à ton commentaire. Tu décris un modèle de famille qui est par définition un modèle patriarcal puisque le pouvoir décisionnaire revient selon toi légitimement et de façon prépondérante à l’homme. Ainsi est-ce que selon toi la parole de Dieu nous invite à adhérer de préférence à un modèle de famille patriarcal? Et si c’est le cas peux-tu me dire ce que tu penses des villages Karens chrétiens qui continuent de fonctionner sur le système de famille matriarcal lié à leur culture millénaire?
        J’ai un ami qui est parti 1 an avec les Missions Etrangères de Paris (MEP) dans un de ces villages pour mener un projet de coopérative. Il est maintenant au séminaire de Paris et souhaite être ordonné aux MEP. Je crois que ni lui ni les MEP ne cherchent à vouloir que les Karens changent de système familial. J’ai même l’impression que cela fonctionne mieux ainsi, peut-être parce que comme tu le dis les femmes ont certaines qualités que les hommes n’ont pas.

        Une parole de Dieu n’est pas forcément à prendre au pied de la lettre et si Dieu est « très grand », il sait aussi se faire tout petit pour toucher tous les cœurs.
        Les Écritures Saintes sont des écritures de la main de l’homme qui ont donc chacune le genre littéraire qu’a choisi leur auteur. Les Psaumes, de genre poétique, ne se comprennent pas comme l’Apocalypse de genre ésotérique. Ainsi il me semble que les épîtres de Saint Paul, de genre épistolaire, gagnent à être compris dans un contexte particulier que j’ai tenté d’expliquer dans mes commentaires précédents sous cet article.
        En prenant ce contexte en compte, je ne pense pas que la lettre de Saint Paul soit écrite dans l’idée que le modèle patriarcal soit à adopter partout et en tout temps. Il adresse un problème spécifique lié à une communauté d’hommes et de femmes bien définie spatialement et temporellement (les Corinthiens et les Éphésiens).

        Pour conclure, je citerais la théologienne féministe catholique Elisabeth Schüssler Fiorenza qui dans le cadre de ses recherches a écrit un livre sur Saint Paul (cf fiche Wikipédia en anglais) et qui conclue qu’il n’était pas misogyne en s’appuyant notamment sur la citation bien connue de Galates 3:28:
        « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ ».
        Elle dit notamment que:
        « La communauté des disciples abolit les droits de la famille patriarcale et constitue une nouvelle communauté familiale qui n’inclut pas les pères dans son cercle ». Fondamentalement, le modèle familiale de Jésus se constitue indépendamment de la famille naturelle (Mc 3:31-35, 10:29-30). De fait ce nouveau modèle n’est pas une réplique ou une copie conforme de la famille patriarcale. Dieu en est le seul Père et nous sommes tous frères et sœurs en Jésus.

        1. Cher Ben,
          merci pour ton message, et c’est très bien que nous puissions débattre paisiblement.
          Je ne crois pas que saint Paul parle pour un lieu et un temps et il va, à mon sens, nous le faire remarquer au début d’une de ses lettres quand il va écrire : «  à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints, et à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre: ». 1 cor 1,2
          Quand il dit en tout lieu, il dit en toutes cultures et le temps n’est donc plus en jeu.
          Je crois qu’il aurait pu écrire cela au début de chaque lettre, et quand bien même ce ne serait que pour la première lettre aux Corinthiens, cela ne nous poserait pas de difficultés dans notre discussion car la question de la soumission des femmes y est aussi abordée en 1 cor 11;3.

          Si nous appelons la Bible « Parole de Dieu », c’est que nous la savons être de deux auteurs : L’homme et Dieu. Or, quand bien même l’homme écrivait avec une vision restreinte, le Saint Esprit, lui, inspire la plénitude et pour que la vérité puisse être reçue par tous, partout, et de tous temps.

          D’ailleurs, autrement, la Bible aurait été piégée avant l’arrivée de son étude historico-critique.

          Néanmoins, ce qui évolue avec le temps, c’est la « politesse », « la bienséance ».
          Nous nous devons d’être polis et cette politesse est dépendante d’une culture donnée. Dans la Bible nous pouvons observer quelques expressions qui révèlent certains devoirs qui semblent être liés à la politesse : 1cor11 :13 (LSG) « Jugez-en vous-mêmes: est-il convenable qu’une femme prie Dieu sans être voilée? » ; (TOB) 1 cor 14 34 « Il n’est pas convenable qu’une femme parle dans les assemblées. »

          Un philosophe disait « Dieu a fait l’homme à son image et l’homme le lui à bien rendu ». Je pense qu’on refuse aujourd’hui d’être dérangé par la Parole de Dieu, cette parole n’est Parole de Dieu que si elle est tranchante :Hébreux 4:12 : « … la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moëlles; elle juge les sentiments et les pensées du coeur ».
          Mais il me semble que lorsqu’on ne veut pas se laisser dépasser par la Parole (je ne veux pas dire que c’est ton cas), on parle de culture, d’hébreux, de grec, ou de l’humanité de l’auteur. Et finalement ce n’est plus nous qui nous laissons façonner à l’image de Dieu, mais nous qui refaisons un dieu qui ne nous dérange pas trop. Je suis désolé de la dureté apparente de ces propos, mais Dieu veut tellement plus pour nous, il nous aime tant, je ne veux pas que nous nous laissions voler Son enseignement.

          Concernant le genre littéraire je pense avoir répondu à la question et c’est vrai qu’il est important d’être vigilant au genre littéraire.

          Enfin, concernant les Karen, je ne les connais pas trop, mais je ne dis pas qu’en tant que chrétien on ne peut pas vivre en dehors de la soumission des femmes, la preuve en est c’est que très peu de chrétiens en Europe acceptent que ce verset puisse être compris comme cela. Je pense simplement que ce fonctionnement engendre une désorientation de l’homme, et de la violence.
          La notion de patriarcat est biaisée par la frange blessée du mouvement féministe car elle comprend une notion de violence.

          Concernant la question de la famille, il ne faut pas, je crois, opposer la famille de Dieu et la famille…
          La famille parents-enfants reste la cellule de base de la société, où se joue l’apprentissage de la vie en société.

          fraternellement

          Frank

          1. Salut Frank,

            De mon point de vue, les lettres de Saint Paul sont par nature adressées et parlent donc pour un lieu et un temps.
            Ensuite que l’on puisse tirer d’une lettre de Saint Paul des enseignements universels chrétiens, je veux bien mais faut-il encore faire le lien avec le Christ. Cite-moi un passage des évangiles où est mentionné un principe de hiérarchisation entre les hommes et les femmes? Il n’y en a pas à ma connaissance.
            En revanche Galates 3:28 résonne parfaitement avec Mc3:34-35 et Mt12:49-50.
            C’est je pense le cœur du message de Jésus sur la famille et donc aussi sur un système familial qui n’est ni patriarcal, ni matriarcal mais qui est en Christ tout simplement.
            Cela est cohérent avec le principe de laïcité des Évangiles. Jésus vient révéler l’héritage juif, son Verbe est la clé, la Vérité pour comprendre ce que veut le Père. Son éclairage permet d’adoucir nos cœurs de pierre en tout temps et en tout lieu. « L’amour ne passera jamais » (1cor13,8).

            Je n’oppose pas la famille des chrétiens et la famille humaine, je dis juste que l’une vient de Dieu et l’autre est humaine. Comme tu dis « la famille parents-enfants reste la cellule de base de la société, où se joue l’apprentissage de la vie en société » mais cela a rapport avec notre société. La société est par nature imparfaite et gérer par des lois humaines. Il y a peut-être des manières plus ou moins intelligentes de l’organiser mais le message fondamental de Jésus concerne d’abord l’Homme qui devient communauté de frères et sœurs grâce à Dieu et non grâce à un système familial humain.

            Je ne sais pas si tu saisis la nuance que j’essaie de faire passer bref dans tous les cas de figure ton 1cor1,2 doit inclure le verset 3 qui est la conclusion du paragraphe:

            1Paul, appelé à être apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et le frère Sosthène,
            2l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints, et à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre:
            3que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!

            C’est la grâce et la paix qui sont donnés en tout lieu.
            Et tout lieu ne veut pas dire toutes cultures, crois-tu que Saint Paul avait connaissance de la culture Karen? Au passage, je ne pense pas que le « fonctionnement » de la société Karen par exemple « engendre une désorientation de l’homme, et de la violence ». Et je pense d’ailleurs que nos sociétés occidentales en devenir sont bien moins violentes qu’une grande majorité des sociétés humaines restées en grande partie sur un système patriarcal.

            Pour clore la discussion sur cette lettre de Saint Paul, j’espère qu’il ne t’auras pas échapper qu’il y a une certaine thématique développée à chaque chapitre. Pour 1cor11 il est beaucoup question de discipline et de recommandations pour éviter les tensions.

            Maintenant concernant le reste de ton commentaire, tu dis que nous savons la Bible être de deux auteurs : L’homme et Dieu. Et tu rajoutes habilement: « Or, quand bien même l’homme écrivait avec une vision restreinte, le Saint Esprit, lui, inspire la plénitude et pour que la vérité puisse être reçue par tous, partout, et de tous temps. »
            C’est habile car en fin de compte cette façon de présenter les choses te permet d’éclipser l’erreur humaine. C’est pourquoi je réfute dès le début ta première assertion. La Bible n’est pas de 2 auteurs. Elle est d’une multitude d’auteurs qui sont des hommes et des femmes inspirés par Dieu à des époques différentes en des lieux différents. Là est toute la différence. Seul Jésus est le Verbe universel incarné à la fois Homme et Dieu. Bien sûr que la Bible est piégée ou plutôt piégeante. Bien avant Jésus de nombreux rabbins et prophètes s’en étaient rendus compte. La Bible est une mine d’or: en creusant on trouve beaucoup de cailloux et de poussière mais les pépites qu’on y trouve on les garde pour la vie.
            Sans même aller chercher dans l’ancien testament, pourrais-tu me commenter cette phrase de Saint Paul dans la lettre en question « La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c’est une honte pour l’homme de porter de longs cheveux ». Franchement que vas-tu aller tirer de cette phrase? Dans la Bible tu trouves des exemples d’hommes qui ont les cheveux longs sans que cela soit une honte (cf Samson et les nazirs). De mon point de vue cette phrase est une grosse indication de l’Esprit Saint pour nous dire « attention il y a un contexte, à ne pas prendre au pieds de la lettre! ».
            Je ne pense pas qu’il soit judicieux d’avoir une vision littéraliste de la Bible en pensant mystérieusement voir mystiquement que « si c’est écrit c’est que ça doit bien avoir un sens ».
            Dieu nous a donné la raison indispensable à la foi, « ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu » (cf par exemple le discours de Ratisbonne de Benoit XVI).

            Concernant ton paragraphe sur la Parole tranchante, je pense que je te rejoins sur le fond de ce que tu voulais exprimer mais encore une fois je pense qu’il faut faire attention. Ok pour se laisser dépasser mais pas se laisser déborder. La raison permet de construire un tuteur pour que notre foi nous dépasse en pleine confiance et conscience d’un guide que l’on s’est forgé dans l’amour et la réflexion sur Dieu.

    3. Ce n’est pas saint Paul mais l’apôtre Paul les religions mettent des saints partout sauf dans les Écritures
      Nous sommes tous saints dans le Seigneur si nous sommes sanctifiés par Lui en croyant à son sacrifice alors arrêtons de mettre des saints partout.
  2. Autre hypothèse : Paul n’est pas infaillible. Il dit une erreur. L’Eglise n’est pas infaillible, et devrait arrêter de nous bassiner avec ce texte d’un autre temps.
  3. C’est une bien belle interprétation de Saint Paul mais quand on prend l’ensemble de l’épître, ça ne tient pas debout:
    « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Eglise, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leurs maris en toutes choses. […] Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari. »

    Le « chef de la femme »? Cela ne me paraît pas être une métaphore habile pour dire que la femme doit « lâcher prise ».
    Si Saint Paul avait voulu dire que la femme doit « lâcher prise », il l’aurait dit de cette manière au lieu de dire que la femme doit être « soumise » à un « chef » auquel elle doit le « respect ».
    Ce manque de symétrie entre la recommandation faite à la femme et celle faite à l’homme saute aux yeux.
    Pourquoi dire « chef »? Le « chef » est littéralement la tête pensante. Se soumettre à quelqu’un a un sens de hiérarchisation, on se met sous les ordres de quelqu’un, on accepte d’être inférieur à l’autre.
    D’ailleurs tout au long de l’épître la métaphore est entre le Christ et l’Eglise, l’homme étant le Christ et la femme l’Eglise. Là aussi il n’y a pas de symétrie ou d’égalité possible. L’Eglise est humaine, le Christ est le sauveur à la fois homme mais surtout Dieu, le verbe incarné.
    La remise dans le contexte est plus crédible. Il ne s’agissait pas de machisme à l’époque de Saint Paul puisque les femmes étaient en général considérées comme inférieur à l’homme. Saint Paul ne cherche pas à révolutionner le système mais à faire en sorte de l’humaniser en disant à l’homme d’apprendre à considérer sa femme avec beaucoup d’importance, comme le Christ a aimé son Eglise et à l’aimer comme soi-même qui fait écho au « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Ce n’est pas parfait comme épître du point de vue de l’égalité homme-femme mais c’est déjà une petite révolution à une époque où la femme pouvait être parfois considéré presque comme un objet.
    Là où je rejoins l’article c’est que la différence homme-femme existe et que très certainement à l’époque de Saint Paul elle existait comme aujourd’hui. Donc OUI les femmes peuvent parfois se mettre plus la pression, s’inquiéter pour un rien, poser beaucoup de questions inutiles et vouloir en faire trop comme Marthe. Cette agitation stressante est bien souvent la marque d’un manque de confiance en soi et la volonté de vouloir se sentir utile. Est-ce l’éducation sociale ou est-ce dans les gênes, sans doute un peu des deux, en tout cas la réponse à ce problème n’est pas de se « soumettre » ou même « lâcher prise vis-à-vis de son mari car celui-ci n’est pas forcément parfait. La solution serait plutôt de placer sa confiance en Dieu comme nous l’enseigne justement le Christ avec Marthe et Marie et à bien d’autres occasions. J’imagine que déjà à l’époque de Saint Paul ce trait de caractère chez certaines femmes devait soûler pas mal d’homme et donc Saint Paul ne fait que répondre à des hommes qui ont dû lui demander comment traiter ces femmes qui passent leur journée à leur prendre la tête sachant qu’en plus le divorce est interdit avec le Christ donc la coexistence devient un sujet important.
    Bref malheureusement je crains que cet épître reste un épître machiste pour notre époque et pour appuyer mon assertion je recopie un épître aux Corinthiens ci-dessous:
    « Comme dans toutes les Eglises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d’y parler; mais qu’elles soient soumises, selon que le dit aussi la loi. Si elles veulent s’instruire sur quelque chose, qu’elles interrogent leurs maris à la maison; car il est malséant à une femme de parler dans l’Eglise. »
    C’est assez limpide!


    1. Comme je l’indique dès la première ligne de l’article ce sont les passages de saint Paul exhortant les femmes à être soumises à leurs maris qui m’avaient choqué : pas seulement Ephésiens 5, 21-26 dans lequel Paul fait une analogie avec le Christ et l’Eglise mais également et plus prosaïquement Colossiens 3, 18-19 où Paul demande à chacun de rester à sa place et précise que pour les femmes cela consiste à rester soumises à leurs maris. Je ne prétends pas faire l’exégèse d’un passage de saint Paul mais simplement chercher à comprendre pourquoi les mêmes recommandations reviennent dans deux contextes complètement différents ? En d’autres termes je cherchais à comprendre la valeur intrinsèque de ces recommandations ce que je ne pouvais faire par référence à des éléments extrinsèques. Je ne prétends pas pour autant épuiser les lectures qu’on peut en faire, évidemment. Ce n’est d’ailleurs pas incompatible…
      1. Autant pour moi, je ne suis pas un habitué de ton site, je venais suite au post facebook de Benjamin Pouzin donc j’avais un certains biais:
         » – Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur;
        – Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l’Eglise »
        Vous avez toujours eu un souci avec cette phrase de Paul ? Lisez ça, l’un des meilleurs commentaire exégétiques que j’ai lu : »
        Maintenant, vu que tu me dis « ne pas prétendre faire l’exégèse d’un passage de saint Paul », je comprends que ton analyse vient d’un sentiment très personnel que je respecte. Désolé si mon commentaire était un peu trop sérieux ou virulent, je voulais juste te donner mon point de vue.

        Pour répondre à ton commentaire, tu dis avoir voulu « chercher à comprendre pourquoi les mêmes recommandations reviennent dans deux contextes complètement différents ? »
        OK c’est vrai que c’est intéressant d’étudier en essayant de regarder le dénominateur commun.
        « En d’autres termes je cherchais à comprendre la valeur intrinsèque de ces recommandations ce que je ne pouvais faire par référence à des éléments extrinsèques. »
        Je pense que je comprends à peu près ce que tu veux dire par analyse « intrinsèque ». J’imagine que tu veux dire que dans les deux cas d’une certaine manière il se dégage une recommandation qui vise un trait de caractère propre aux femmes mariées?
        Jusque là ça me va mais ensuite tu es obligé de faire appel à des éléments extrinsèques qui sont ton expérience personnelle des différences mari-femme. Je te remercie c’est très enrichissant pour moi mais je ne suis pas vraiment convaincu que Saint Paul ait été aussi fin dans son analyse quand il a prononcé les mots « soumettre », « chef », « respect », « malséant ».
        Au risque de me répéter, de mon point de vue ce n’est pas l’analyse de la différence mari-femme qui sous-tend les paroles de Saint Paul mais plutôt une réponse à des plaintes émanant d’hommes mariés « machistes » de l’époque. Je rejoins donc plutôt le point de vue de la « plupart des homélies » que tu as entendu. Peut-on parler de machisme délibéré à une époque où la soumission de la femme à son mari était plus ou moins évidente, « écrite dans les lois » du mariage ? Sans oublier que ces épîtres sont adressées à des communautés différentes donc certains sujets peuvent être adressés plusieurs fois. Les femmes de Corinthe étaient peut-être très pète-couilles!
        Bref je vois les recommandations de Saint Paul comme une manière d’essayer d’adoucir ces relations mari-femme à une certaine époque mais je pense qu’au regard de notre époque il est important de bien contextualiser pour être sûr que ce ne soit pas pris au pieds de la lettre.
        D’une certaine manière comme tu le dis nos visions ne sont pas incompatibles et même je pense qu’elle se rejoigne quand à l’objectif finale de ces paroles saintes qui visent à ce que le couple chrétien soit un bel exemple de la promesse d’amour de Dieu.
        Un grand merci.


  4. Les éléments extrinsèques que tu mentionnes c’est en fait l’expérience des différences hommes femmes et de la vie des couples en général plutôt que mon expérience particulière de vie de couple. Ceci dit ces éléments extrinsèques portent moins sur ce que dit saint Paul que sur nos propres préventions quand nous le lisons. La prise de conscience que j’ai eue des différences entre hommes et femmes et des difficultés différentes qu’ils rencontrent respectivement m’a permis de faire sauter le verrou psychologique qui m’empêchait d’accueillir et donc de comprendre la légitimité de ce que saint Paul recommandait. Et, au vu des commentaires que je reçois et du nombre de consultations de ce billet, je crois que ce verrou psychologique se retrouve chez de nombreux croyants. C’est pourquoi je ne crois pas trahir saint Paul. Merci en tout cas pour tes commentaires. Je crois comme toi que ton point de vue et le mien sont davantage complémentaires que contradictoires.
    1. Oui c’est de cette manière que je pensais aux éléments extrinsèques. Tout à fait d’accord avec toi, je te rejoins complètement. Je ne pense pas que tu trahisses Saint Paul, bien au contraire. Et je pense que ce billet est utile pour un grand nombre de croyant et peut-être même non-croyant. Bonne continuation et merci d’avoir pris le temps de me répondre.
  5. En matière de religion, il ne nous est pas demandé de comprendre, nous devons seulement obéir. Ceci étant, le péché originel source de tous nos maux est venu par la femme aussi a-t-elle eu une double peine car en plus de la mort et des maux communs, la femme a une double peine:1-Les douleurs de l’enfantement et 2-La soumission à l’homme.
    Dans nos sociétés modernes où Satan l’impression de marquer des points à travers l’homosexualité légalisée, l’ennemi de tout bien s’est justement attaqué à la sanction divine consécutive au péché originel, en prônant une stricte égalité entre l’homme et la femme.
    1. Je ne sais pas de quelle religion vous parlez mais s’il s’agit du christianisme connaissez-vous ce passage de l’évangile de saint Jean : »Je ne vous appelle plus serviteurs, parce qu’un serviteur n’est pas mis au courant des affaires de son maître. Je vous appelle mes amis, parce que je vous ai fait part de tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jean 15, 15) ? De même s’il n’est pas question de comprendre à quoi serviraient les 20 derniers siècles de théologie et d’exégèse ? Quant à la femme est à l’origine du péché originel (Eve) et de la rédemption (Marie). Ne retenir que la première partie c’est pratiquer le deux poids, deux mesures au détriment de plus de la moitié de l’humanité. Ce n’est pas juste parce que ce n’est pas vrai. Par ailleurs je n’ai pas compris vos propos sur ce que vous appelez la sanction divine. L’ensemble de vos propos me paraît assez incompatible avec le contenu de la foi chrétienne mais peut-être que quand vous écriviez « en matière de religion »vous faisiez allusion à l’islam ? A moins que la date de publication de votre commentaire ne soit un signe : ce n’est peut-être qu’un poisson d’avril ?
  6. Merci infiniment pour cet article et ces commentaires intéressants.

    Dans Gn 3,16 il y a plutôt un rapport de force avec une domination de l’homme sur la femme et une convoitise de la femme sur l’homme.

    Dans Eph 5 il y a plutôt une relation de communion avec un don de l’homme pour sa femme et un respect de la femme pour l’homme.

    Lorsque l’homme se donne pour sa femme, il contribue à détruire la convoitise (pas besoin de convoiter celui qui se donne déjà) et à favoriser le respect (se donner totalement pour sa femme, pour sa famille inspire le respect).

    Lorsque la femme respecte l’homme (ou lâche prise selon votre excellente proposition), elle contribue à détruire la domination (pas besoin de dominer lorsque l’on est respecté) et favoriser le don (respecter profondément son époux motive pour se donner).

    En rapprochant ces deux passages bibliques, Saint Paul encourage bien sûr les conjoints à se convertir l’un et l’autre. Mais je crois également et surtout que Saint Paul invite les conjoints à se convertir l’un par l’autre.

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