En raison de leur foi, les chrétiens sont prédisposés à s’engager en politique

Seuls ceux qui ont une foi profonde et qui sont habités par l’espérance peuvent se permettre de regarder la réalité en face. Les autres n’ont le choix qu’entre désespérer de la réalité ou refuser la réalité avec l’énergie du désespoir en détournant le regard.

C’est ce que font tous ceux qui se perdent dans les divertissements mondains ou les paradis artificiels. C’est aussi la tentation de tous ceux qui fuient la réalité en s’inventant un monde parallèle.

Un monde parallèle peuplé exclusivement de bisounours – comme dans le cas du monde politiquement correct des bobos – ou bien un monde manichéen, un monde en noir et blanc où les méchants auraient le monopole du mal et où la solution passerait par leur élimination (les bons musulmans face aux méchants mécréants).

Seuls ceux qui ont une foi profonde et qui sont habités par l’espérance peuvent se permettre d’être sceptique sur la nature humaine, l’état du monde et les limites de l’action politique sans s’y résigner pour autant.

Seuls eux qui vivent dans l’espérance peuvent agir sans avoir besoin de chercher à se convaincre qu’à force de prendre leurs désirs pour des réalités la réalité finira par se conformer à leurs désirs.

Seuls ceux qui ont hérité une tradition longue et profonde peuvent disposer de points de comparaisons pour réfléchir sans tourner en rond et sans se prendre pour la mesure de toute chose.

Seuls ceux qui sont en mesure de tirer les leçons du passé ont une chance de bien poser les problèmes du présent et de proposer un diagnostic pertinent.

Seuls ceux qui connaissent les invariants de la condition humaine ont les moyens de viser un bien commun en échappant au prisme déformant de catégories intellectuelles arbitraires et atrabilaires.

Seuls ceux qui ont une mémoire spirituelle et une culture historique ont les moyens d’échapper aux débats hystériques et passer du stade du réflexe à celui de la réflexion.

Seuls ceux qui savent qu’ils sont dans le monde mais qu’ils ne sont pas du monde peuvent admettre sereinement que tout ce qu’ils entreprennent est provisoire sans en déduire pour autant que tout est dérisoire.

Seuls ceux qui ont Jésus Christ pour espérance peuvent envisager d’être injustement marginalisés, persécutés ou tués par fidélité à une vérité qui les sauvera parce qu’elle les dépasse.

Soyons ceux-là.

4 réflexions sur « En raison de leur foi, les chrétiens sont prédisposés à s’engager en politique »

  1. Louis, je suis en harmonie avec votre pensée …
    Mais, je suis de ceux qui (en 1971) ont répondu à un appel de ce type pour « Changer la Vie » (et nous étions nombreux parmi les chrétiens) :
    vous comprendez que « chat échaudé craint l’eau froide ».
    Une anecdote :
    j’ai écouté hier soir d’Ormesson qui a dit (en substance) :
    « Ma Foi n’est pas certaine, mais mon Espérance est forte »
    Et bien, je pense exacement l’inverse :
    « Ma Foi est absolue, mais mon Espérance est en question »
    (j’ajoute la Charité, mais mon amour du prochain réserve une place exagérée aux hommes de sexe féminin !)

    Pour moi, la Foi (l’examen scientifique de la Création) ne souffre aucun doute, alors que l’eschatologie me lasse dubitatif;
    mais je n’ai pas d’ordre à donner à Dieu.

    Amicalement, Louis.

  2. J’aime bien votre analyse.
    Vous parlez « des drôles très solides » de « Parade » une des » Illuminations » d’Arthur Rimbaud.
    Alain
  3. Le chrétien devrait plutôt éviter de s’engager en politique, car du fait du péché originel, l’homme se trouve placé sous la dépendance ou de Dieu ou de Satan.
    La politique en raison de la prééminence des besoins temporels expose ceux qui en font leur profession à donner la priorité au monde visible et cela au détriment du monde invisible c’est-à-dire la vie éternelle pour laquelle Dieu nous a créés.
    Le déclin du monde avec l’irruption du djiadisme s’explique, en grande partie, par la volonté des pays développés

    de préserver leur leadership par tous les moyens.
    Au total, la politique est aux antipodes de l’objectif de sanctification qui devrait être la priorité du chrétien.
    .

    1. La prééminence des besoins temporels que tu dénonces et la priorité donnée aux réalités physiques au détriment des réalités métaphysiques ne cessera pas tant que les chrétiens déserteront le champ de bataille politique. La question du bien commun ne pourra jamais ressurgir si ceux qui croient qu’il existe un bien et un mal brillent par leur absence.

      Je suis d’accord pour dire que les chrétiens devraient s’abstenir de faire carrière en politique car, comme les autres, ils deviendront prisonniers de leur électorat c’est-à-dire de leurs diverses clientèles électorales et que leur maintien en poste n’aurait plus rien à voir avec la défense d’un quelconque bien commun.

      Mais cela ne veut pas dire s’abstenir de s’engager en politique. L’engagement politique c’est l’engagement social sous toutes ses formes, à commencer par sa famille, son immeuble, son quartier, sa paroisse, son comité d’entreprise, son syndicat, son conseil municipal etc. Cela n’implique pas de chercher à vivre de la politique et encore moins de chercher à y faire carrière. L’engagement en politique de chefs d’entreprises ayant réussi dans leurs affaires serait un gage d’indépendance. A l’image de l’actuel maire de Neuilly ou de ce qui se fait couramment aux Etats-Unis.

      Mais une chose est sûre : c’est la dérégulation généralisée et donc la disparition des arbitrages politiques entre des intérêts divers qui sont à l’origine de l’hypertrophie de l’économie financiarisée. Les méfaits de la mondialisation, dont le jihadisme n’est qu’un avatar, ne sont pas imputables à la politique mais au contraire à sa disparition.

Répondre à De Vos Alain Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *