Islamisme et Coran : au-delà des pétitions de principe, on fait quoi ?

En dehors de l’impératif de protéger la population, et en particulier les Juifs qui n’avaient, une fois de plus, rien demandé, il y a deux choses qui me préoccupent.

D’une part, la cohésion nationale, faire en sorte que les gens se respectent pacifiquement entre musulmans et non musulmans et d’autre part, la cohésion de l’Europe qui pourrait être mise en cause si le Front national devenait trop puissant.

Beaucoup de musulmans ont fait part de leur condamnation des crimes commis ; je pense que ça va dans le bon sens de la cohésion nationale. C’était une manifestation pour l’unité, sans qu’elle signifie une adhésion aux positions politiques de Charlie Hebdo. Une unité basée sur la peur de la dislocation de la société, une réponse à la violence par un peu d’amour. De voir qu’une bonne partie de la France était capable de réagir par autre chose que des antagonismes, ça m’a fait plaisir.

D’une manière plus profonde, j’ai une réflexion plus polémique. Critiquer les fondements d’une religion est-il utile pour une démocratie quand certains de ses membres la revendiquent pour nuire à la paix sociale ? Autrement dit, peut-on examiner si une religion qui est brandie par une minorité de ses adeptes pour commettre des actes violents préconise la violence ?

J’ai entendu à la télé beaucoup de musulmans qui ont condamné ces agissements en proclamant que l’Islam, c’était la paix et non la violence. C’est bien s’ils le pensent, c’est rassurant, mais est-ce vrai ? Peut-on l’examiner ? Les terroristes ont-ils commis une erreur de doctrine, ou bien est-ce les pacifistes qui commettent majoritairement une erreur de doctrine ?  Pour y répondre, il faut examiner le coran et les hadiths. Il faut se donner la peine d’aller voir.

En effet, il est plus simple de condamner des terroristes musulmans qui se trompent complètement sur l’interprétation de leur religion que s’ils se conforment à cette religion. Malheureusement, la réponse est évidente. A titre d’exemple, il faut lire la sourate n°8. Il faut une sacrée dose de mauvaise foi pour y voir un texte pacifique ; mais je préfère cette mauvaise foi pacifique, à l’orthodoxie violente, en comptant sur la tradition vécue par la majorité des musulmans.

En poursuivant dans ce raisonnement, je pense que l’État français qui doit gérer la paix sociale de ses habitants parmi lesquels quelques millions de musulmans, devrait entamer une réflexion au sujet d’une religion dont certains préceptes préconisent le recours à la violence dans sa forme originelle et fondatrice. Je pense à ce titre-là, qu’un contrôle étroit des moyens et des lieux de diffusion de l’islam devrait être établi de manière à ce que la version violente de l’islam soit étouffée. Les solutions possibles sont multiples, mais il me parait indispensable d’affronter l’idée que l’islam a des racines violentes.

Le judaïsme a également des racines violentes. Le récit du livre de Josué décrivant des génocides commis au nom de Dieu, exprimé en termes objectifs, à l’occasion de la conquête de la terre sainte, pourrait être l’œuvre d’un psychopathe fanatique. Cependant, l’histoire du judaïsme en Europe a montré que ses adeptes étaient globalement pacifiques ; et en France, le judaïsme ne pose aucun problème de violence.

Le christianisme ne pose pas non plus de problème de violence dans ses fondements, puisque Jésus apparait comme un réformateur pacifiste, et même victimisant du judaïsme (tends la joue droite, heureux êtes-vous quand vous serez persécutés, aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent, etc …). Mais l’histoire du christianisme a montré qu’il était quand même possible de faire la guerre au nom du Christ. Cependant, à l’époque actuelle, il n’existe aucun courant violent en son sein.

Dans la société française, comme dans d’autres pays, la religion musulmane se retrouve donc être la seule à devoir compter parmi ses adeptes, des gens prêts à affronter par la violence la société qui les abrite.

Lors de la manifestation, on a vu que des musulmans ont proclamé que les terroristes n’étaient pas musulmans. Mais il faudrait examiner, pour le dire honnêtement, si les terroristes ont effectivement violé un dogme ou un principe essentiel de l’islam pour considérer de manière évidente qu’ils ne sont pas musulmans. Mais lorsqu’on lit des passages du coran tel que :

« O Prophète, incite les croyants au combat. S’il se trouve parmi vous vingt endurants, ils vaincront deux cents; et s’il s’en trouve cent, ils vaincront mille mécréants, car ce sont vraiment des gens qui ne comprennent pas. » (Sourate 8, v.65) « Un prophète ne devrait pas faire de prisonniers avant d’avoir prévalu [mis les mécréants hors de combat] sur la terre » (Sourate 8, v.67).  « Les Juifs disent : « Uzayr est fils d’Allah » et les Chrétiens disent : « Le Christ est fils d’Allah ». Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse! Comment s’écartent-ils (de la vérité)?  » (Sourate 9, v.30). « Si vous ne vous lancez pas au combat, Il vous châtiera d’un châtiment douloureux et vous remplacera par un autre peuple. » (sourate 9, v.37) « Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis. Ils combattent dans le sentier d’Allah : ils tuent, et ils se font tuer. » (sourate 9, v. 111).

On pourrait malheureusement multiplier les exemples. Citons plutôt Tocqueville : « Les tendances violentes et sensuelles du Coran frappent tellement les yeux que je ne conçois pas qu’elles échappent à un homme de bon sens. » Il n’y a aucun plaisir à se délecter de ces passages du Coran, dont pourrait se nourrir du mépris, qui mettent les musulmans sur la défensive. Mais il me semble néanmoins, que la présence d’une dimension violente au cœur des références islamiques, pourrait justifier une prise en charge par l’État de cette question. L’État pourrait exiger des prédicateurs de l’islam qu’ils apportent les garanties que tout discours violent soit condamné, que les passages du coran à connotation guerrière soient interprétés dans un sens allégorique, et que toute interprétation guerrière soit exclue.

Dans cette optique, un contrôle par l’État des discours musulmans véhiculés sur son sol paraît opportun. L’État pourrait également participer activement au développement et à la diffusion d’un discours théologique musulman pacifié, ou pourrait aider les musulmans à développer un esprit critique sur les fondements de leur religion, par exemple, en multipliant les expositions des œuvres issues du Moyen-Age musulman sur lesquelles est représenté Mahomet en personne, représentation qui ne posait jadis aucune difficulté dans le monde musulman.

Voici un lien d’une exposition de ces œuvres qui a eu lieu à la BNF
http://expositions.bnf.fr/islam/arret/03-2.htm

Je suis donc partisan pour que l’État examine de près les discours religieux, même du haut de sa laïque neutralité.

2 réflexions sur « Islamisme et Coran : au-delà des pétitions de principe, on fait quoi ? »

  1. Billet mesuré ; toutes les religions ont leur part de violence et la violence peut-être partout.
    Bien, mais vous (comme beaucoup) ne tenez pas compte des rapports de force;
    Pour faire simple, la Bible (Ancien Testament) a des propos violents, mais Israël (excepté en pays de Canaan) n’a pas eu guère de possibilités pour exercer sa violence (traduisez sa minorité belliqueuse n’a pu …).
    Aujourd’hui, en France (et plus généralement en Occident) la plupart des musulmans sont très satisfait de bénéficier des avantages que leur procure la nation d’accueil; mais, outre le support qu’ils rencontrent de la part des « élites » qui ne souffrent pas de leur présence, outre que le monde chrétien tend généreusement l’autre joue, ils sont en position de force (ce n’est pas un hasard si c’est l’école qui en est le révélateur).

    Vous dites ‘la cohésion de l’Europe qui pourrait être mise en cause si le Front national devenait trop puissant ».
    Evidemment l’Europe est une machine à broyer les Peuples sous le prétexte d’en créer un nouveau peuple hors-sol ! Voilà pourquoi, malgré le combat acharné des politiques (UMPS) et des « forces d’occupation mentales » (Médias, selon l’expression de Laurent Ozon), nous sommes bientôt un tiers de l’électorat derrière MLP.
    Mais le combat n’est pas aisé, Gramsci a montré la recette de la victoire, …. et ils sont tous Charlie !

  2. Il me semble que votre billet pose une bonne question en cherchant à éprouver la solidité de l’affirmation en effet souvent entendue, « l’Islam, religion de paix », et en suggérant que cette question doit être portée et réfléchie à l’intérieur de l’Islam lui-même — même si cela n’est pas simple pour eux à mettre en oeuvre.

    Aucun musulman ne nie la présence de versets violents dans le Coran. Certains cherchent à les expliquer en fonction d’un contexte d’écriture où l’Islam aurait été menacé. Or la réponse ne peut pour le moment satisfaire, et elle pose la question qui me paraît véritablement centrale: celle du rapport du Coran à l’histoire.

    Vous soulignez à raison la violence de certains textes de l’Ancien Testament, ce qui ne me semble pas suffisant pour affirmer que le judaïsme a des racines violentes (ce qui voudrait dire, soit dit en passant, que le christianisme aussi, puisqu’il est tout enraciné dans l’Ancien Testament). En réalité, dès l’Ancien Testament, d’autres passages montrent les juifs cohabitant avec les peuples de Canaan. De ce fait, les passages de Josué 6 ont fait l’objet d’interprétations, non seulement par des exégètes chrétiens mais à l’intérieur même du judaïsme, qui montrent que le propos de l’auteur, là encore enraciné dans un contexte, n’avait pas pour fin la violence: en l’occurrence, puisque l’archéologie a montré que Jéricho était déjà détruite au moment où les Hébreux entrent dans la terre, une liturgie d’action de grâce – les fameuses « trompettes de Jéricho », qui ne sont pas les trompettes utilisées en temps de guerre – au Dieu qui a déjà livré le pays. Et réexprimée, il est vrai, en mode guerrier. Je ne détaille pas ici, mais la chose est amplement connue au moins des exégètes.

    Si l’on poursuit le raisonnement, la présence de versets violents dans le Coran ne suffit pas à dire que cette religion s’enracinerait dans la violence. En revanche, cela pose de manière décisive la question du statut de cette parole. Si, comme dans la révélation chrétienne, cette parole est Parole de Dieu tout en étant pleinement parole humaine, inspirée par Dieu, alors on peut chercher le contexte historique de son écriture, et tenter de la comprendre en conséquence — la révélation transmise par Dieu n’étant pas séparable de la manière selon laquelle elle se donne dans l’histoire. Si, comme je le comprends de l’Islam, le Coran est en revanche exclusivement Parole de Dieu, dictée directement par l’ange à Mahomet sans qu’il y ait part humaine dans l’écriture, alors peut-on vraiment interpréter les versets à la faveur d’un contexte qui aurait été menaçant? En d’autres termes, si le Coran est en apesanteur historico-géographique, comment tenir que c’est le contexte historique qui permet de lire ces versets pacifiquement?

    Il me semble donc que la question que l’Islam doit affronter est donc celle du rapport du Coran à l’histoire de sa propre écriture. Si le judaïsme et le christianisme, avec une intelligence accrue au fil de l’histoire, sont pacifiques (même s’il est juste de reconnaître que tous dans l’État d’Israël n’en sont pas l’illustration), cela n’a donc rien de contextuel comme le laisse parfois comprendre votre billet. Cela tient à la possibilité d’interpréter la révélation. L’interprétation spontanée, justement, que beaucoup de musulmans donnent des versets violents du Coran nous rassure (notamment sur la capacité de l’homme à écouter son coeur profond), elle manque en revanche d’une justification sérieuse à travers une véritable herméneutique de la révélation.

    La solution que vous proposez, à savoir de confier à l’État un contrôle sur l’Islam, me paraît au contraire dangereuse, étrangère justement au principe de la laïcité.

    Si j’étais musulman, je me demanderai franchement au nom de quoi un État s’arrogerait le droit de contrôler ce qui est pour moi Parole de Dieu; si j’étais musulman, j’espère aussi, bien sûr, que je saurai mesurer combien en revanche il m’incombe comprendre cette parole afin de pouvoir opposer au fanatique quelque chose de plus solide que l’affirmation, sans doute vraie mais pour l’instant fragile, que l’Islam est une religion de paix.

    À partir du moment où l’État contrôlerait l’Islam sur le critère d’une — hypothétiquement isolable — part violente de sa révélation, alors pourquoi pas aussi le judaïsme, le christianisme? La simple opinion que l’avortement implique la mort d’un enfant n’est-elle pas déjà considérée comme une violence à beaucoup de ceux qui accèdent aux hautes fonctions de cet État? Pourquoi ne pas interdire aux chrétiens de s’exprimer sur ce sujet — ce qui est d’ailleurs en bonne voie? Cette question étant par ailleurs suffisamment douloureuse en toutes ses dimensions, je m’arrête là.

    Quel rôle pour l’État? N’est-il pas de proposer à ses concitoyens un projet, une « idée de la France », qui permettent à tous ceux qui, quelles que soient les limites de leur engagement, ont cherché dimanche à se rassembler dans l’unité, de grandir et d’avancer ensemble? Nous constatons tous que c’est ce qui, pour le moment, fait défaut, et n’offre aucune chance aux Français issus de l’immigration, et parmi eux à bien des musulmans, de vivre avec les Français d’ancienne extraction une commune appartenance. Il ne s’agit pas « d’essentialiser » la France, mais de prendre acte de son histoire, sans laquelle aucune histoire à venir n’est possible, pas celle de la France en tout cas.

    Un État pourra chercher à contrôler toutes les religions, s’il est sans projet, je doute que la violence en son sein diminue.

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