L’allergie au pape François est un révélateur des turpitudes de certains milieux catholiques

Quand le pape François fait le constat que la majorité des mariages catholiques ne sont pas valides il pose un diagnostic mais il ne modifie pas une virgule de la doctrine catholique. Pourtant il provoque des réactions hystériques chez un certain nombre de fidèles.

C’est plutôt curieux car, pourvu qu’on se donne la peine d’aller lire ce qu’il a effectivement déclaré et non les citations hors contexte voire carrément tronquées que l’on trouve sur la réacosphère, on constate que tout ce qu’il dit est dans la droite ligne de l’enseignement de l’Eglise sur le sacrement de mariage : le mariage est indissoluble dès lors qu’il est valide sacramentellement ce qui suppose que certaines conditions de validité soient réunies au préalable. C’est ce qui explique que dans certains cas l’Eglise reconnaisse a posteriori que certains mariages que l’on croyait valides ne l’étaient en fait pas. C’est ce qu’on appelle la reconnaissance de nullité de mariage (et non l’annulation du mariage).

Le constat qu’il fait sur l’état d’immaturité affective, psychologique et spirituelle de nombreux catholiques n’est malheureusement pas surprenant quand on se donne la peine d’ouvrir les yeux sur la réalité. Si tel n’était pas le cas nous n’aurions pas tous ces débats sur la question des divorcés-remariés. Rien de nouveau sur ce point.

Pourtant quand il dit tout haut ce que tout le monde constatait jusque là sans oser le dire à haute et intelligible voix, certains catholiques s’offusquent. D’autres expriment leurs réprobation en s’étonnant ouvertement.

Mais ce qui est étonnant n’est-ce pas plutôt l’allergie d’un certain nombre de catholiques à l’honnêteté du pape François ?

De même quand le pape François déclare « L’Église doit présenter ses excuses aux personnes gays qu’elle a offensées » il ne fait que rappeler l’évangile : il invite à la conversion ceux qui se sont comportés de manière non charitable envers les personnes homosexuelles et il s’inclut lui-même dans le lot. En revanche il ne change rien sur la position de l’Eglise à propos de l’homosexualité. En ce sens il n’a pas changé depuis qu’il a organisé l’opposition à la loi sur le mariage homosexuel en Argentine….

Pourtant certains catholiques se disent déstabilisés. Mais n’est-ce pas précisément leur réaction qui est déstabilisante ?

Qu’y a-t-il de déstabilisant à prêcher aux catholiques la conversion du cœur et du regard ? Qu’y a-t-il de déstabilisant à dire aux catholiques que s’ils ont blessé un frère ou une sœur ils doivent lui demander pardon ? Ce que dit le pape François correspond à l’esprit et la lettre même de l’évangile. Le lui reprocher quand on est adepte de la religion de l’amour c’est une contradiction manifeste et grotesque à la fois.

Mais c’est surtout l’indice que quelque chose ne tourne pas rond. Du moins dans certains milieux. Car les préventions contre le pape François sont loin d’être partagées par tous à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Eglise….

1/ Les réactions hystériques d’une certaine frange de catholiques

Certain milieux catholiques s’acharnent à critiquer le pape au nom d’une identité catholique qu’ils confondent avec la somme des mauvaises habitudes, des partis pris et des préjugés qu’ils ont hérités de leur famille et de leur milieu. C’est cet héritage qu’ils assimilent au dépôt de la foi et qu’ils accusent le pape de vouloir brader.

Ils ne lui pardonnent pas de rappeler que la seule identité du chrétien est de suivre le Christ et que ça suppose très souvent de changer beaucoup de choses en soi et autour de soi…et donc de rompre avec les préjugés et les solidarités de son milieu d’origine.

Un certain nombre de catholiques par héritage refusent de devenir des chrétiens par choix. Ils font ce qu’on appelle en équitation un refus d’obstacle et tentent de faire passer leur raideur et leur dureté de cœur pour de la fidélité au magistère de l’Eglise.

D’où le paradoxe de ces catholiques qui se se réfèrent davantage à la pensée de Charles Maurras et de Pierre Gattaz qu’à celle des pères des Pères de l’Eglise et qui se veulent plus catholiques que le pape au point de prétendre lui donner des leçons de catholicisme. Quand ils ne l’accusent pas carrément de trahir le dépôt de la foi !

Sous prétexte de dénoncer les méfaits, bien réels, du clergé et de l’épiscopat français qui avaient pris prétexte de Vatican II pour justifier leurs propres fantaisies (pastorales théologiques, liturgiques et morales) et in fine leur propre apostasie, certains milieux catholiques veulent en faire porter la responsabilité à un pape argentin qui n’y est pour rien !

La contradiction manifeste entre ce qu’ils disent être – à savoir des catholiques qui se veulent fidèles à l’autorité de l’Eglise parce qu’elle est guidée par l’Esprit saint – et leur comportement de protestants – ils dénient au pape son autorité intellectuelles, spirituelle et morale – saute aux yeux de tous sauf d’eux-mêmes. Ils semblent les seuls à ne pas en être conscients.

Mais ce qu’il y a de plus absurde dans ce genre de comportements c’est qu’ils sont délibérément blessants et qu’ils ne reculent devant aucun procédé malhonnête et malveillant : insultes, calomnies, insinuations, citations tronquées ou citées hors contexte, accusations sans preuves… Toute la petite panoplie du manipulateur au complet (ou plutôt au complot).

Ces comportements prennent le contrepied de ce que le Christ nous a demandé (aimer notre prochain comme nous mêmes). Ceux qui utilisent de tels procédés refusent au pape François non seulement la présomption d’innocence mais surtout refusent d’adopter envers lui le parti pris de la bienveillance. Ce sont des contre-témoignages pour tous les non-chrétiens. Ils découragent les meilleurs volontés et font fuir les autres.

Une telle attitude traduit (trahit ?) chez ceux qui l’adoptent une malveillance profonde indissociable d’une forme d’orgueil consistant à se considérer, eux, comme le conseil d’administration de l’Eglise et le pape François comme un PDG d’entreprise qui devrait leur rendre régulièrement des comptes et surtout leur donner satisfaction.

Malheureusement pour eux l’Eglise a été voulue et conçue par le Christ et le pape désigné par l’Esprit saint. Ne pouvant le destituer ils se consolent en le mettant en cause, un peu comme quand Alain Juppé avait dit de Benoît XVI qu’il commençait « à poser un vrai problème » et qu’il vivait « dans une situation d’autisme total ».

2/ L’opposition au pape et le refus de l’évangile

Ce qui est reproché au pape c’est au fond de demander aux catholiques d’être fidèles à l’évangile .

Le pape François nous met en garde contre le risque ou plutôt contre la tentation de préférer défendre le contenant (la culture chrétienne) plutôt que de vivre de son contenu (le Christ).

Ce que certains catholiques lui reprochent c’est de leur rappeler que Jésus-Christ ne requiert pas des défenseurs mais qu’il recherche des témoins et ce n’est pas la même chose (sinon il aurait appelé des légions d’anges pour échapper à sa Passion).

Ce qui lui est reproché par certains athées pieux c’est de dire tout haut que les catholiques européens ne sont pas ici-bas pour rappeler à des masses ignorantes les beautés de l’art roman mais pour leur annoncer la bonne nouvelle de notre rédemption par Jésus-Christ en commençant par vivre eux-même en cohérence avec cette bonne nouvelle.

Certains le détestent parce qu’il leur rappelle qu’ils ont une mission : témoigner par leur vie et par la paroles que Dieu est un Dieu d’amour et que Lui seul peut combler l’aspiration fondamentale de l’être humain à être aimé (« Qui donc pourra combler les désirs de mon cœur, Répondre à ma demande d’un amour parfait ? Qui, sinon toi Seigneur, Dieu de toute bonté, Toi l’amour absolu de toute éternité »).

Ce qu’ils détestent par dessus tout c’est quand le pape François leur rappelle que cette responsabilité leur incombe aussi à eux en tant que baptisés, qu’ils ont un devoir d’exemplarité parce que la sainteté n’est pas une option qu’ils pourraient décider de ne pas prendre mais qu’elle est leur vocation unique, leur seule raison d’être ici bas et la condition de leur salut.

Certains le haïssent parce qu’ils ne veulent pas entendre que la foi chrétienne est la foi en un Dieu tout-puissant qui a décidé d’avoir besoin de nous pour réaliser le salut de l’humanité. Ils lui préféreraient un Dieu musulman qui leur commande d’utiliser la force.

Leur obsession de l’islam est le reflet de leur envie et l’expression de leur regret de ne pouvoir exalter leur propre volonté de puissance, à l’image de ces musulmans qui peuvent justifier leur volonté de dominer en invoquant le jihad et imposer, quand ils sont en position de force, le statut de dhimmis aux non-musulmans….

De même que l’amour rend intelligent, la malveillance rend aveugle. A force de vouloir faire dire au pape ce qu’il n’a pas dit, par exemple en l’accusant d’avoir dit que tous les mariages étaient nuls, les ennemis  du pape François se condamnent à ne rien comprendre.

Car en posant un diagnostic sans complaisance sur la réalité de certains mariages célébrés dans les formes, il pointait du doigt les conséquences de l’apostasie et du laxisme d’un certain nombre de responsables du clergé qui ont renoncé à éclairer les consciences en refusant de célébrer un mariage sacramentel quand les conditions de validité n’étaient pas réunies !

En refusant d’écouter ce que le pape dit réellement et en préférant le calomnier les catholiques qui aiment le détester se condamnent à la cécité volontaire.

L’hystérie que déclenchent chez certains le pape François ne nous dit rien de ce que fait ou pense le pape François mais il nous en apprend beaucoup sur l’état intérieur de ses détracteurs.

De ce point de vue là l’allergie au pape François est un bon révélateur des incohérences et des turpitudes de certains milieux catholiques. En un sens c’est une bonne nouvelle : les masques tombent !

14 réflexions sur « L’allergie au pape François est un révélateur des turpitudes de certains milieux catholiques »

  1. Louis,
    votre billet est éclairant.
    Au fond, nous savons que l’idéologie est le prisme à travers lequel nous voyons le réel et depuis Marx que « l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante ».
    Et même les chrétiens (ce qu’il en reste) opèrent à travers ce filtre (sans en prendre conscience) e.g. Juppé se dit catholique !
    Je ne sais pas si vous pensez que tout cela est désespérant ou si vous pensez à une religion de philosophes.
    Quand l’Eglise catholique (XVIIIème siècle) était la source de l’idéologie dominante, c’était pas parfait : j’aurais été voltairien.
    Le « progrès » réside essentiellement dans le fait que la « pensée de référence » dispose des médias à comparer avec le sermon dominical ! On est foutus !

    Il nous reste ce propos de Philippe Muray :
    «Le Christianisme est une arme essentielle de la liberté.
    Je ne suis pas loin de penser que c’est même en lui, aujourd’hui, et presque lui seul, par une ruse de la post-histoire, que se réfugie tout ce qu’on a pu appeler le combat des Lumières ».

  2. Je pense que l’adhésion au Christ est toujours un choix personnel qui implique d’être prêt à accepter d’entrer dans une logique spirituelle qui n’est pas la nôtre et qui entraîne une métamorphose de notre être (sanctification). Comme tous les choix cela suppose de renoncer à un certains nombres de désirs et d’aspirations qui sont des aspirations mondaines. L’une d’entre elle c’est l’aspiration à être majoritaires et à détenir les clefs du pouvoir politique et médiatique. Dieu prend ce qu’il y a de plus petit pour révéler sa puissance. Dieu fait tout pour nous mais rien sans nous. Il nous demande de l’aimer et d’aimer notre prochain, il nous demande de nous préoccuper d’abord du royaume de Dieu et de sa justice et nous promet que tout le reste nous sera donné de surcroît. Le seule question qui nous concerne est la suivante : allons-nous décider de le croire – et donc de le suivre – ou pas ? Ce n’est pas d’abord une question théorique ni même théologique mais un choix personnel et existentiel. Toute tentative pour esquiver ce choix est inspirée par le prince de ce monde. N’en déplaise aux identitaires de tout poil….
  3. Une question – peut-être oiseuse – me vient : l' »athéisme pieux » ne serait-il pas en fait une forme de paganisme ? Pour l' »athée pieux » (qui ne serait alors pas athée, mais qui ne serait pas chrétien non plus), peu importerait l’évangile, du moment qu’il y aurait un dieu avec qui négocier, à qui demander une bénédiction pour n’importe quelle action, n’importe quelle entreprise.
    (Et, une fois cette question posée, mes compliments pour ce billet.)
  4. Oui je pense que l’athéisme pieux est la forme contemporaine du paganisme : quand on ne croit pas ce que Dieu nous dit parce qu’on ne croit en Son existence on ne peut pas faire Sa volonté. Par conséquent quand on invoque Sa volonté à Lui c’est en fait pour exalter la nôtre. C’est le culte du moi qui remplace le culte que l’on doit à Dieu. Inévitablement on en vient à faire et à cautionner des choix existentiels et politiques qui sont radicalement incompatibles avec la volonté de Dieu telle qu’elle nous est dévoilée par Jésus dans l’Evangile. La conversion du cœur n’est pas une option, c’est la voie étroite mais unique qui nous mène à Dieu et nous permet de réaliser notre vocation d’homme.

  5. Merci vraiment pour cet article. En réalité, (et ce n’est peut-être pas à vous que je vais l’apprendre) le malaise vient de très loin. Ce n’est pas juste un phénomène secondaire de certains catholiques qui font des crises d’hypocrisie depuis un an. C’est tout un courant multiséculaire dans l’Eglise qui en déforme le message. Vous avez fait naguère un très bon article sur les liaisons dangereuses dans l’histoire de France entre le clergé et le pouvoir, et dans cet article vous parlez de Maurras. L’Eglise de France souffre de toute une partie des « fidèles » qui s’accrochent à l’Eglise comme si elle était gardienne d’un ordre bourgeois qui leur va bien. Depuis des siècles, ce courant ecclésial arrive à parler plus fort (mais pas mieux que les autres) même à l’étranger (la fameuse Ligue catholique américaine).

    Le message de l’Evangile en est plus que déformé. Le Pape François dans « Evangelii Gaudium » dénonce cela quand il reproche à certains catholiques de réduire la doctrine à certains points liés aux moeurs. Ça n’empêche pas certains de se revendiquer des « points non négociables » (que le Pape a lui-même dénoncé). Résultat, ils se prétendent ultra-catholiques parce qu’ils n’avortent pas, ne divorcent pas, n’ont pas de tendance homo… jusqu’au jour où ça arrive. Ils renvoient l’image d’une Eglise coincée sur les questions liées au sexe parce qu’elle s’acharnerait sur des affaires de moeurs et elle se ficherait des autres injustices. Marion Le Pen voudrait que le Pape parle du mariage home et non pas des migrants (passionnant! on n’avait encore jamais évoqué la question en France du mariage homo!).

    C’est d’ailleurs plutôt un très bon signe que cette frange des fidèles grince des dents. François est en train de clarifier le message de l’Eglise. Mais bon… Je crois que je prêche un convaincu.

    Par contre, sur les nombreux mariage non-valides dont parlait le Pape François, vous évoquez le « laxisme d’un certain nombre de responsables du clergé qui ont renoncé à éclairer les consciences en refusant de célébrer un mariage sacramentel quand les conditions de validité n’étaient pas réunies ». C’est vrai et faux. Un prêtre me disait qu’effectivement, deux tiers des mariage qu’il célébrait n’étaient pas valides selon lui; que si l’Eglise devait refuser tous les mariage qu’elle soupçonne d’invalidité, elle passerait son temps à blackbouler toutes les personnes qui en font la demande. Et d’autres prêtres m’ont fait un constat similaire, en disant qu’en cas de divorce, il glissait une lettre dans le dossier de mariage faisant état de cette non validité pour que la dissolution soit facilité. Il me semble que le métier de prêtre n’est pas facile. Certains choisissent carrément de dire « vous ne devez pas vous marier » brut de décoffrage. Mais d’autres préfèrent bazarder le sacrement de peur que les personnes quittent l’Eglise, ce qui serait pire. Il faut sept ans pour discerner un sacerdoce et trois rendez-vous sur un an pour faire un mariage. Comment reprocher aux prêtres de marier des gens qui ne sont pas prêts?

  6. Au-delà des amabilités dont votre article déborde et auquel il n’est probablement pas utile de répondre, il me semble opportun de vous rappeler un fait, un tout petit fait qui malheureusement bouleverse entièrement ce que vous écrivez relativement aux récents propos du pape sur les mariages invalides, savoir : que dans le même discours, François a déclaré que des situations de concubinage étaient de vrais mariages chrétiens.
    Au-delà d’un diagnostic plus que contestable – faut-il vous rappeler que traditionnellement, le mariage bénéficie de la faveur du droit ? qu’un sacrement est tenu valide jusqu’à preuve formelle du contraire ? -, ce qui constitue le fond du discours bergoglien, c’est l’inversion, l’inversion systématique du vrai et du faux à force de confusions et de déformations parfois éhontées du saint Evangile, sans compter les insultes et les jugements téméraires quotidiens proférés dans la chaire de Sainte-Marthe.
    « L’Eglise doit sortir d’elle-même » : tout était résumé dès le début de ce pontificat calamiteux. L’Eglise doit sortir de ce qu’elle est, Corps mystique du Christ, unique Epouse de notre divin Sauveur, base et colonne de la vérité, arche du salut. En un mot l’Eglise doit sortir du Christ : c’est malheureusement le fond de commerce de François.
    Autre fait en passant qui vous aura échappé hélas : l’épiscopat argentin n’est pas beaucoup moins fantaisiste que les épiscopats européens les plus tristement réputés en la matière.
    1. Abstraction faite du ton pincé avec lequel vous commencez votre commentaire puis-je vous rappeler le texte même ?
      « Pourtant, je dis vraiment que j’ai vu tellement de fidélité dans ces cohabitations, tant de fidélité ; et je suis sûr que ce sont de vrais mariages, ils ont la grâce du mariage, justement pour la fidélité qu’ils ont ».

      Les propos du pape sont dans la parfaite ligne de saint Thomas selon lequel la grâce passe par les sacrements mais n’en est pas prisonnière. Le pape François n’a pas dit qu’il ne fallait pas se marier (cf votre développement sur la faveur du droit) mais qu’il ne fallait pas juger les couples qui vivaient sans être mariés. Ce qui est dans la droite ligne de l’évangile. En matière d’insultes c’est le pape qui en reçoit à moins que vous considériez que Jésus Christ ait  » insulté » les pharisiens quand il leur faisait des reproches. Je ne vous ferai pas l’insulte de croire que vous n’avez pas compris le sens de l’expression sortir d’elle-même appliquée à l’Eglise : aller aux périphéries à l’image de Jésus Christ qui passait son temps sur les routes pour s’adresser aux prostituées, aux publicains et aux païens. Ce que les juifs pieux de son temps lui reprochaient déjà. Enfin je n’ai jamais fait l’éloge de l’épiscopat argentin, j’ai seulement rappelé aux ignorants et aux malveillants que le cardinal Bergoglio était le fer de lance de l’opposition au mariage homosexuel dans son pays ce qui est difficilement compatible avec les accusations de complaisance avec l’homosexualité qui lui avaient été lancées à la figure. Ni vérité, ni charité. Encore une fois.

  7. Cher « Louis–charles » . A la lecture de votre article, Il m’est difficile de savoir si vous voulez défendre le pape ou régler un compte à une catégorie de catholiques que vous mettez dans un seul sac facilement caricatural «d’héritiers de Mauras » . Ceux que vous mettez dans une improbable «réacosphère ». Bref, tout ce qui est « tardi » vous semble peu supportable. Sur le fond du problème, je confesse que je fais partie des nombreux catholiques troublés par certaines déclarations (enseignement ?) assez disruptives du Pape quand il affirme par exemple le 16 juin 2016 à St Jean du Latran (donc de sa Cathèdre !) que de nombreux mariages sont nuls puis quand aussitôt, il parle des concubins en Argentine : « Pourtant, je dois dire que j’ai vraiment vu une grande fidélité dans ces concubinages, une grande fidélité; et je suis certain que c’est un véritable mariage, ils ont la grâce du mariage, précisément en raison de la fidélité qu’ils vivent. Mais il y a des superstitions locales ». Des mariages qui n’en sont pas, mais des concubinages qui sont de vrais mariages ! On en perd le peu de latin qui nous reste…
    Il n’est pas rare de voir des jésuites manier le paradoxe pour faire « réagir le bourgeois », mais ce style est très troublant dans la bouche d’un Souverain Pontife ! C’est singulier. N’y a-t-il pas un hiatus avec l’enseignement « traditionnel » sur le mariage auquel nous avez habitué les papes « conciliaires » de St Jean XXIII à Benoit XVI ? C’est un constat. Et je ne suis pas le seul à le faire. En disant cela, je pense donner très respectueusement mon opinion sur la façon dont un fidèle reçoit la parole de François et sur la façon dont nous pourrions la relayer pour proposer le sacrement aux jeunes qui vivent en concubinage dont celles qui « tombent enceinte » hors mariage. Cela est objectivement un défi dans un contexte où les gens s’attachent plus aux petites phrases prononcées rapidement dans un avion qu’aux documents magistériels murement réfléchis.
    Je ne pense pas faire preuve d’hystérie ici. Je ne fait aucune injure, ni caricature. J’ai pris « la peine d’aller lire ce qu’il a effectivement déclaré » .
    Certes, je ne cherche pas à « rompre avec les préjugés et les solidarités » de mon milieu d’origine. Mais vous, Mr Louis-Charles, faites-vous preuve de charité et de lucidité quand vous accusez vos frères dans la foi de ne « reculer devant aucun procédé malhonnête et malveillant : insultes, calomnies, insinuations, citations tronquées ou citées hors contexte, accusations sans preuves… Toute la petite panoplie du manipulateur au complet » ? Un examen de conscience serait opportun …
    Nous ferions aussi « des contre-témoignages pour tous les non-chrétiens » ! Nous « découragerons les meilleurs volontés et feront fuir les autres »… ! Nous « adoptons une malveillance profonde indissociable d’une forme d’orgueil » .
    Nos pasteurs ne sont pas épargnés par votre virulence quand vous parlez de « l’apostasie et du laxisme d’un certain nombre de responsables du clergé »
    Ne seriez-vous, en fait, un nostalgique de la Sainte Inquisition ?
    1. Cher Philippe je maintiens tout ce que j’ai écrit sur ceux qui utilisent le mensonge, la calomnie et les procédés malveillants contre le pape François. En revanche je suis très surpris que vous fassiez vous même l’identification avec la sensibilité des catholiques traditionnels. Qui peut penser que ce que je décris s’applique au père Michel-Marie Zanotti-Sorkine ? Ou à l’abbé Grosjean ? Ou l’abbé de Tanoüarn ? Je refuse de me positionner sur la ligne tradi/pas tradi parce que ce n’est pas là le bon critère. Les plus vifs détracteurs du pape sont parfois des cathos non tradi mais trop proches des milieux d’argent pour accepter d’entendre les rappels évangéliques que fait le pape sur l’impossibilité de servir à la fois Dieu et l’Argent. D’autres qui se trouvent être tradi le calomnient en lui faisant dire des choses qu’il n’a jamais dites, en déformant ses propos et en lui lançant des accusations graves et infondées. Ils le font non pas parce qu’ils sont tradis mais parce qu’ils sont malveillants. Je n’ai jamais assimilé les autres tradis à ceux là.

      Vous reprochez au pape François de manier le paradoxe et d’étourdir un peu ses interlocuteurs. Mais c’est exactement ce que faisait Jésus Christ. Et comment voulez-vous qu’il fasse autrement ? La bonne nouvelle qu’il annonce prend à contre-pied toutes nos évidences humaines et mondaines (les préjugés et les solidarités de nos milieux d’origine). Non seulement « Ce qui est folie aux yeux des hommes est sagesse aux yeux de Dieu » mais nous croyons en un Dieu tout puissant qui est mort et ressuscité par amour pour nous et qui nous aime au point de toujours faire le premier pas vers nous malgré les humiliations que nous lui infligeons en permanence. Vous ne trouvez pas ça au moins aussi troublant que les propos du pape François ?

      Je n’accuse pas mes frères dans la foi de de ne reculer devant aucun procédés malhonnêtes et malveillants je reproche à certains – que je n’assimile pas en bloc aux tradis – de le faire et je souhaite à ma modeste échelle prendre la défense d’un homme qui n’est certes pas infaillible mais qui est injustement calomnié depuis des années parce qu’il rappelle les exigences de l’évangile. Le pape François se contente de faire comme le Christ qui dénonçait sans relâche l’hypocrisie religieuse du clergé de son temps et des pharisiens ainsi que le pouvoir de l’argent. Ce qu’il dit choque le bourgeois comme le Christ en son temps. Il est insulté et calomnié pour cela, comme le Christ en son temps. Rien de nouveau en un sens sauf que ceux qui l’insultent et le calomnient prétendent le faire au nom du Christ.

      Ce que je ne comprends pas, moi, c’est que vous laissiez en paix les incendiaires et que vous vous en preniez à ceux qui sonnent le tocsin…

  8. Ce que je n’apprécie pas du pape actuel c’est tout simplement le fait qu’il soit un faux jeton. Il dit qu’il ne faut pas juger alors qu’il passe son temps à balancer des jugements sur les autres; il dit qu’il ne faut pas regarder les autres selon une optique mondaine alors que c’est ce qu’il fait sans cesse en attaquant de véritables épouvantails mondains qui ne correspondent à presque rien (le confessionnal, qui ne doit pas être une chambre de torture selon Amoris Laeitia ? Vraiment? Mais où ça ???) Sérieusement, la ligne directrice pour le comprendre est une citation d’une pièce de Montherlant : « c’est quand la chose manque, qu’il faut en mettre le mot ». Alors quand il décrie la casuistique c’est parce que c’est ce qu’il est en train de faire, quand il dit qu’il ne faut pas avoir une morale à double standard c’est parce que c’est ce qu’il promeut de fait, quand il dit que le magistère n’a pas à répondre à toutes les questions c’est parce que son idée est déjà faite, quand il prône la collégialité c’est pour couvrir la réalité d’une gestion en réalité bien plus autocratique que ce qu’on a pu voir sous aucun pape depuis Pie XII, quand il dénonce l’argent cela ne l’empêche pas de regarder ailleurs pendant que McDonald arrive pour installer un resto fast food au Vatican, que le Banque mondiale finance un son et lumière animalier sur la façade de Saint-Pierre, que la chapelle Sixtine est louée à la société Porsche, et qu’un cardinal australien un peu trop « rigide » qui voulait imposer un véritable audit à la Curie parce qu’il prenait au sérieux la tâche que le pape lui avait confiée se fait bloquer. Très difficile de prendre au sérieux un personnage de ce genre.
    1. Ce n’est pas la même chose de juger les personnes (seul Dieu sonde les reins et les cœurs) et les comportements. Si on s’interdit de juger les comportements et les attitudes alors on met sur le même plan le bien et le mal, c’est du relativisme total. Le discernement est une vertu et un devoir. Particulièrement pour le pape qui a reçu pour mission d’être le pasteur des des pasteurs.

      Dire que le confessionnal ne doit pas être un lieu de torture c’est pointer du doigt une attitude inquisitrice du clergé qui a existé chez nous pendant des années et qui continue d’exister dans bien des continents et qui dissuade les baptisés d’aller se confesser. J’en ai fait l’expérience avec un prêtre sud-américain il y a quelques années : je suis ressorti de la confession absolument désespéré. Heureusement que je fréquente habituellement d’autres prêtres qui font sentir la miséricorde et le pardon de Dieu au lieu de vous terroriser en vous menaçant des pires catastrophes.

      Je peux comprendre qu’on ait des désaccords avec le pape François mais pas qu’on lui prête des intentions cachées et donc invérifiables. C’est lui refuser la présomption d’innocence et chose pire encore d’un point de vue chrétien, pire encore, renoncer au parti pris de la bienveillance.

      C’est l’objet de cet article.

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