On ne peut pas être à la fois signe de contradiction aux yeux des hommes et garant de l’ordre social

Pourquoi la résurgence de l’esclavage dans les pays de chrétienté n’a-t-elle pas provoqué de la part de l’Eglise instituée une réaction aussi impitoyable que l’apparition du protestantisme ? Le commerce triangulaire n’a jamais été un motif de croisade ou de guerre sainte pour une raison très simple : elle ne menaçait ni directement, ni indirectement les intérêts du clergé qui était à la fois, rappelons le, l’un des trois ordres soutenant l’ancien régime et sa caution morale.

A l’inverse, à mesure qu’il se développait et que les grands féodaux se ralliaient à lui, le protestantisme devenait le fer de lance de la contestation de le l’autorité du roi dont le clergé était à la fois l’obligé, l’otage, le complice et la caution morale. On ne peut même pas parler de collusion du clergé avec le pouvoir en place puisque le clergé était lui-même un des piliers du pouvoir en place.

De là découle sans doute aussi la tendance qu’a eu longtemps le clergé à s’accrocher au latin non seulement en tant que langue liturgique mais également en tant que langue d’enseignement. Enseignement de la théologie d’enseignement tout court.

Enseignement de la théologie : saint Jean-marie Vianney faillit ne jamais être ordonné faute de pouvoir répondre en latin aux questions théologiques de ses examinateurs. Il fallut lui permettre exceptionnellement de répondre en français pour qu’il puisse démontrer qu’il avait une intelligence de la foi suffisante pour pouvoir être prêtre.

Enseignement tout court : le savoir c’est le pouvoir. Il suffit de se rappeler le roman de Stendhal intitulé Le Rouge et le Noir, initialement sous-titré Chronique du XIXème siècle puis Chronique de 1830. C’est l’histoire, tragique en l’occurrence, d’un jeune fils de paysan ambitieux qui endosse le « triste habit noir » de séminariste pour effectuer l’ascension social qu’il ne peut plus espérer faire en s’engageant dans l’armée napoléonienne (le rouge). Et son ascension commence quand, enfant, il obtient la protection du curé de son village qui repère ce petit paysan capable de réciter par cœur le Nouveau Testament en latin.

Cela paraît absurde a posteriori mais c’est parfaitement cohérent du point de vue d’un corps constitué qui souhaite tenir les laïcs à distance afin de garder intact son monopole intellectuel et son autorité morale. N’importe quelle corporation entoure de barbelés ses prérogatives et ses avantages comparatifs. De ce point de vue la restriction de l’accès au savoir était un enjeu fondamental.

Elargir la possibilité d’accéder au patrimoine intellectuel et spirituel qui constitue la tradition de l’Eglise pour aider les laïcs à grandir en maturité spirituelle et en discernement aurait eu pour corollaire de les rendre moins dépendants de ce que leur disait le clergé . Pour ce dernier cela revenait à scier la branche sur laquelle ils étaient assis.

De même la méfiance et la suspicion dont ils ont entouré la Bible et qui a été intégrée très largement par les fidèles catholiques eux-mêmes. Elle a été très longue à disparaître, à supposer même qu’elle ait disparu aujourd’hui : je me rappelle qu’une de mes grands-mères, pourtant femme et chrétienne remarquable, m’avait fait part de sa réticence à l’idée que les catholiques lisent par eux-mêmes la Bible qu’elle jugeait trop subversive. Le père Stan Rougier rapporte de ses années de séminaire un témoignage similaire.

De manière générale le manque de formation des laïcs et des parents qui ne parviennent pas à transmettre la foi à leurs enfants parce qu’ils ne parviennent pas à répondre de manière intelligible et convaincante à leurs questions et à leurs objections vient de là.

La trahison des clercs devient inévitable et systématique quand le clergé se compromet avec les pouvoirs mondains. D’accords pragmatiques en compromis raisonnables il aboutit toujours à des compromissions qui trahissent l’évangile et défigurent le visage du Christ aux yeux des hommes dans mais surtout à l’extérieur de l’Eglise. “Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne” (Matthieu 10, 28).

Voilà pourquoi il est paradoxalement souhaitable que le clergé soit en butte aux pouvoirs et aux intérêts du monde : ce n’est pas une garantie mais c’est au moins une forte présomption de fidélité au Christ. Les persécutions, sanglantes ou sournoises, en sont la contrepartie. “Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi” (Matthieu 5, 11).

De ce point de vue le déchaînement de haines souvent hystériques que déclenche le pape François dans certains milieux conservateurs et cercles économiques est une très bonne nouvelle. Paradoxalement elles constituent plutôt un encouragement.

28 réflexions sur « On ne peut pas être à la fois signe de contradiction aux yeux des hommes et garant de l’ordre social »

    1. Je parlais du commerce triangulaire pratiqué à partir du XVIème siècle par le Portugal, L’Espagne, l’Angleterre et, horresco referens, par la fille aînée de l’Eglise elle-même : la France.
  1. « De manière générale le manque de formation des laïcs et des parents qui ne parviennent pas à transmettre la foi à leurs enfants parce qu’ils ne parviennent pas à répondre de manière intelligible et convaincante à leurs questions et à leurs objections vient de là. »
    c’est paradoxal que la foi se soit justement éteinte depuis que les français ont accès au savoir.
    je crois surtout que le clergé savait qu’on peut faire dire et faire faire les pires horreurs au nom de Dieu, et qu’ils essayaient de n’accepter aux postes de guides spirituels que des hommes fiables dans leur interprétation de la Bible. (même si le risque zéro n’existait pas non plus). sinon, ils auraient cherché les clercs uniquement chez les gens riches, ou chez leurs proches. or les pauvres étaient plutôt aidés (par les séminaires) dans cette ascension sociale.
    1. « c’est paradoxal que la foi se soit justement éteinte depuis que les français ont accès au savoir ».

      Non, la transmission de la foi s’est éteinte parce que bien souvent la formation intellectuelle et spirituelle des parents était défaillante et que cette défaillance est apparue au grand jour à mesure que le poids institutionnel de l’Eglise sur les mentalités a diminué. Toute religion dominante est une religion aliénante, non pas en raison de son contenu mais en raison de son statut. Le poids institutionnel du clergé dans une société est un exosquelette qui permet de sauver les apparences mais qui est en lui-même un aveu et un symptôme de l’infantilisation des fidèles. Certainement pas de leur croissance spirituelle en liberté, en vérité et en sainteté.

    2. « je crois surtout que le clergé savait qu’on peut faire dire et faire faire les pires horreurs au nom de Dieu, et qu’ils essayaient de n’accepter aux postes de guides spirituels que des hommes fiables dans leur interprétation de la Bible ».

      Le clergé a fait les pires horreurs au nom de Dieu en invoquant la théologie (guerre de religions ou enseignement du mépris envers les juifs) et ça ne l’a pas gêné… Le monopole de l’accès à la théologie comme à la Bible est un enjeu de pouvoir comme tout monopole. L’argument du risque de mauvaise interprétation aurait justifié au contraire une politique de formation intellectuelle généralisée des fidèles, ce qui est censé être la mission du clergé. C’est l’inverse qui a été fait. D’un point de vue mondain il n’y a rien d’étonnant : le savoir c’est le pouvoir et transmettre son savoir c’est se dépouiller de son pouvoir. D’un point de vue chrétien c’est inacceptable. Ce n’est d’ailleurs pas non plus la première fois dans l’histoire de l’Eglise que le clergé fait obstacle à la rencontre du Christ . Ses disciples sont les premiers à avoir voulu empêcher les enfants de s’approcher de lui. Jésus les a rabroués en leur disant de laisser venir à lui les petits enfants. Malheureusement les disciples ont, eux aussi, fait des disciples. Mais du point de vue du Christ, et donc du point de vue chrétien, c’est inacceptable.

    3. « la foi éteinte depuis que les français ont accès au savoir ».
      Erreur, la foi s’éteint sous l’influence de l’idéologie dominante.
      Notons que la classe dominante fut longtemps la classe politique aristocrate liée par « contrat » avec la classe cléricale, …
      comme aujourd’hui l’HYPERCLASS mondialisée résulte d’un « contrat » entre la ploutocratie (n’oubliez pas d’y ajouter le compromis historique avec le « parti de la classe ouvrière ») et le clergé moderne (média).
      Cela illustre parfaitement la thèse de Marx
      (« l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante »).
      Do-Marie comparez 10 mn de sermon et 4h de télévision !
  2. Bravo pour cet article excellent. Ta première phrase « Pourquoi la résurgence de l’esclavage dans les pays de chrétienté n’a-t-elle pas provoqué de la part de l’Eglise instituée une réaction aussi impitoyable que l’apparition du protestantisme ? » pose cette question terrible : comment l’Eglise a-t-elle pu laisser faire un tel crime contre l’Humanité ? Ton article y répond intelligemment. Merci !
    1. Non, le billet ne réponds pas à la question.
      La seule explication serait d’admettre, avec St Paul :
      « il n’y a plus ni juif ni grecs, ni maître ni esclave, ni homme ni femme … « , mais c’est tout de même un peu court !
      L’Eglise ne s’est jamais fixé d’améliorer le sort de l’homme;
      mais plutôt de l’aider à subir !
      1. « L’Eglise ne s’est jamais fixé d’améliorer le sort de l’homme;
        mais plutôt de l’aider à subir ! »

        Faux. Travailler pour la justice en ce monde n’est pas un atelier optionnel.  » Faites donc du règne de Dieu et de ce qui est juste à ses yeux votre préoccupation première, et toutes ces choses vous seront données en plus ». (Matthieu 6,33).

      1. Oui. La papauté s’est toujours battue et débattue pour ne pas dépendre du pouvoir en place contrairement au clergé français qui était enchâssé dans l’ordre social de l’Ancien régime.
  3. Certains, « même ou bien que » prêtres ont contribué et continuent à créer des outils de formation et de transmission pour aider le plus grand nombre d’entre nous, et quelques soient nos capacités, à comprendre, décoder, s’imprégner de nos Textes Saints: 1er et scd Testaments, Pères de l’Eglise, textes conciliaires … cf. l’association Mess’AJE http://www.seuilsdelafoi.org/archives/178.
    Dans le passage (du document audiovisuel créé comme support) concernant le retour de l’Exile du peuple Hébreux à Babylone, le commentaire dit ceci: « L’esclave redevient bien vite le tirant qu’il a fuit ». C’est bien malheureusement un comportement trop humain et toujours d’actualité pour peu que l’on soit en situation de responsabilité! Et je me demande si ce n’est pas ce vieux péché de l’humanité qui a entraîné l’Eglise dans ce défaut d’éducation du peuple chrétien, mais également dans ce manque de réaction face à l’esclavagisme.
    (Merci de l’explication « du Rouge et du Noir », j’ai dû étudier ça, il y a un peu plus de 40 ans, mais ne me souvenais plus de l’histoire ni du thème.)
    Quant à la desertion de nos enfants, il y a un autre facteur qu’il ne faut pas négliger: ils passent bien plus de temps sous la houlette d’enseignants non croyants, voir laïcards et/ou athés + ou – militants qu’avec leurs parents…
    1. « Quant à la desertion de nos enfants, il y a un autre facteur qu’il ne faut pas négliger: ils passent bien plus de temps sous la houlette d’enseignants non croyants, voir laïcards et/ou athés + ou – militants qu’avec leurs parents… »

      Oui mais la question est : pourquoi l’influence des » enseignants non croyants, voir laïcards et/ou athés + ou – militants  » est-elle plus forte que celle des parents ? Moi aussi j’ai été exposé à l’influence de tels enseignants et pourtant…

      1. Les parents et les enseignants font partie de la même population et je ne vois pas ce qui peut faire dire que les parents seraient croyants et les enseignants incroyants et laïcards. (Qu’ils respectent la laïcité est le moindre de leurs devoirs et protège les jeunes de tout prosélytisme d’où qu’il vienne).
        J’ai été enseignante et suis encore croyante, mes élèves, mes étudiants et leurs parents ne l’étaient pas, y compris certains d’entre eux qui avaient été baptisés.
        1. Quand je parlais des laïcs qui manquaient de formation et des parents qui ne parviennent pas à transmettre la foi, je parlais des chrétiens laïcs par opposition aux prêtres et aux religieuses. Je ne parlais pas des professeurs de l’Education nationale ou du devoir de respecter une stricte neutralité religieuse dans l’enseignement public.
  4. Concernant la photo en-tête: à l’heure de notre Pape François, il y en a encore beaucoup qui s’accoutrent de la sorte ????
    Ses vieux souliers noirs fatigués sont quand-même un signe plus parlant pour le serviteur des serviteurs de la Bonne Nouvelle!!!
    1. En l’occurrence il y en a encore au moins un qui s’habille comme ça au Vatican : le cardinal Raymond Leo Burke. C’est un moyen concret et efficace de discréditer l’Eglise et de compromettre l’annonce de l’évangile l’annonce du Christ.
      1. Et c’est volontaire, ou c’est que l’attitude de François et sans doute de bien d’autres des frères cardinaux et évêques ne lui a pas suffit pour comprendre l’aspect quelque peu passéiste (j’ai envie de dire ridicule) de ce déguisement?
  5. « A l’inverse, à mesure qu’il se développait et que les grands féodaux se ralliaient à lui, le protestantisme devenait le fer de lance de la contestation de le l’autorité du roi dont le clergé était à la fois l’obligé, l’otage, le complice et la caution morale. » Cette phrase appelle une petite réserve (qui ne compromet en rien votre propos) : elle n’est vraie que dans des pays où le catholicisme est « demeuré majoritaire », comme la France ; dans les pays devenus protestants, c’est le clergé protestant, officialisé et national, qui est devenu « l’otage, le complice et la caution du roi ». Avec à la longue des conséquences analogues, du reste.
    1. « dans les pays devenus protestants, c’est le clergé protestant, officialisé et national, qui est devenu « l’otage, le complice et la caution du roi ». Avec à la longue des conséquences analogues, du reste ».

      Parfaitement d’accord avec vous. Mêmes causes, mêmes effets.

  6. Ah, maintenant je comprends pourquoi Porsche a été la première entreprise invitée à louer la chapelle Sixtine pour une exposition commerciale. Sous François. (Plus récemment, elle l’a été pour un concert privé de The Edge.)
    1. Le Pape François a donné son accord pour que le Porsche Travel Club loue la chapelle Sixtine le temps d’un concert à condition que le produit de la vente des billets d’entrée soit reversé à des œuvres caritatives. Cette précision est indispensable si on ne veut pas sombrer dans la désinformation pure et simple.
      1. Ah. Ce doit être pour ça que…

         » On avait cru jusque-là que le PDG le mieux payé en 2015 avait été Sundar Pichai, le PDG de Google, avec 151,9 millions de dollars. Eh bien non ! On vient d’apprendre qu’il a été supplanté. En fait, le PDG le mieux payé l’année dernière fut le Dr Patrick Soon-Shiong, spécialiste du cancer ! 329,7 millions de dollars !!

        Et que fait cet homme de ses revenus fabuleux ?

        Il fait « la vie » en Californie. Le Dr Soon-Shiong a épousé l’actrice Michele B. Chan, qui jouait dans MacGyver ! Il possède une part du célèbre club de basket des Lakers (Los Angeles), qu’il a achetée au basketteur Magic Johnson. Il possède cinq maisons à Los Angeles, dont une qui comporte quatre étages de sous-sol, une salle de cinéma grandeur nature, et plus de 2000 mètres carrés habitables ! Il fréquente le gratin d’Hollywood et apparaît en public aux côtés du rappeur Will. I. Am (photo ci-dessous), l’inoubliable interprète de « I like to move it ».

        Et ce n’est pas tout ! Le Dr Soon-Shiong est aussi copain avec le Pape (ou presque) : il était le 30 avril 2016 au Vatican pour recevoir la « Récompense pontificale du visionnaire clé » (Vatican Key Visionary Award), des mains du Cardinal Ravasi.

        J’ai d’abord cru que le Dr Soon-Shiong avait eu cette récompense parce qu’il avait eu des « visions », à la manière de saint François d’Assise, sainte Thérèse d’Avila, ou plus récemment de sainte Faustine, qui voyaient le paradis s’ouvrir sous leurs yeux.

        Mais pas du tout.

        Après une courte recherche sur Internet, j’ai appris que le Vatican remet cette récompense pour « reconnaître les innovateurs médicaux qui changent le cours de l’histoire, réduisent les souffrances à une échelle globale en mêlant ensemble une pensée visionnaire et une action réelle ».

        Whaouh !

        Tout s’explique alors. Si le Dr Soon-Shiong a « réduit les souffrances humaines à une échelle globale », cela vaut bien quelques centaines de millions de dollars de dédommagement, me suis-je dit.

        Mais renseignements pris, une tout autre image du Dr Soon-Shiong apparaît.

        1 $ pour la recherche, 99 $ pour le docteur ! La société du Dr Soon-Shiong qui lui paye ces revenus mirobolants sous prétexte de « recherche sur le cancer » ne dépense en réalité pratiquement rien pour la recherche. »

        http://www.penserlibrement.fr/cancer.html

  7. Merci à P. de Plunkett pour avoir mis sur son blog votre lien.

    Une analyse structuraliste de l’histoire de l’Eglise , je n’en avais plus lu depuis bien longtemps (sauf à la JOC peut être).

    1. Pas de croisade contre l’esclavage parce que le clergé avait des intérêts avec l’Ancien Régime (limité donc aux Etats catholiques. C’est pas si grave si le terme de croisade est utilisé dans un sens anachronique et englobe des réalités aussi diverses que la libération de Jérusalem et la lutte contre les protestants. Ce n’est pas si grave si l’on confond au final églises particulières et église universelle).

    2. Réaction contre les protestants parce que le clergé était une caution morale de l’Ancien Régime (au passage cela permet d’écarter l’ensemble des travaux du Concile de Trente, les saints de la Contre Réforme et leur analyse, dont un certain Ignace de Loyola).

    3. En découlerait sans doute la tendance à enseigner et avoir une liturgie en latin (bien entendu, le seul argument du latin étant la volonté des membres du clergé de refuser aux fidèles l’accès à l’enseignement de l’Eglise, là encore on jette à la poubelle toute la contre réforme, les écrits de nombreux papes et saints pour mieux justifier son propos)

    4. Saint Jean Marie Vianney a failli subir une grande injustice à cause de cela (rappelons qu’il a pu justement devenir prêtre et qu’il avait 3 ans à la disparition de l’Ancien Régime source de tous les maux de l’Eglise)

    4. D’où découle en toute logique que le savoir c’est le pouvoir (citation du très catholique BACON), et que l’enseignement en latin permettait l’ascension sociale (certes, d’ailleurs cet exemple littéraire justifie que l’ensemble des vocations de l’époque étaient dans cet esprit)

    5. Tout cela paraît absude a posteriori (c’est le moins qu’on puisse dire…sauf si l’on a une analyse structuraliste, voire marxiste qui fait de l’Eglise une structure empêchant l’ascension sociale de ses ouailles)

    6. Supprimer le latin oblige le clergé à affronter le monde et ses ouailles moins soumis (ben tiens…le latin, cause d’oppression des peuples)

    7. Conclusion: La trahison des clercs devient inévitable et systématique quand le clergé se compromet avec les pouvoirs mondains (Miracle: une conclusion vraie, pour une démonstration remplie de sophismes et qui fait du tort à la vérité historique et religieuse en donnant des solutions fausses pour résoudre les problèmes )

  8. « Pas de croisade contre l’esclavage parce que le clergé avait des intérêts avec l’Ancien Régime (limité donc aux Etats catholiques) ».
    Faux je n’ai jamais dit ça. Le clergé anglican est dans la même position vis-à-vis de la monarchie anglaise et ce pour la même raison. Ne me faites pas dire ce que je n’ai jamais écrit. Merci.

    « C’est pas si grave si le terme de croisade est utilisé dans un sens anachronique  »
    Ce n’est pas grave non plus si vous ignorez le sens de l’expression française « partir en croisade » qui s’emploie pour désigner tout engagement individuel pour une cause qu’on estime juste. Ce n’est pas grave, je le répète, mais ce n’est pas ma faute si vous l’ignorez. A moins que vous ne fassiez semblant de l’ignorer.

    « au passage cela permet d’écarter l’ensemble des travaux du Concile de Trente, les saints de la Contre Réforme et leur analyse, dont un certain Ignace de Loyola »
    Tout ce que vous citez est juste mais hors sujet : je parle des compromissions des clergés nationaux avec le pouvoir en place.

    « bien entendu, le seul argument du latin étant la volonté des membres du clergé de refuser aux fidèles l’accès à l’enseignement de l’Eglise, là encore on jette à la poubelle toute la contre réforme, les écrits de nombreux papes et saints pour mieux justifier son propos »
    Je n’ai jamais mis en cause la contre-réforme ou les écrits des papes mais l’attitude concrète du clergé français qui était structurellement liée au pouvoir et qui, comme toute institution, développait et maintenait un jargon pour tenir à distance le monde extérieur. Un peu comme les économistes aujourd’hui qui cherchent à dissuader le commun des mortels de s’intéresser aux enjeux qui pourtant les concernent au premier chef. Le jargon c’est le pouvoir. Le latin des médecins de Molière en est un exemple savoureux (Diafoirus et compagnie). Une langue que personne ne parle mais que seule une élite peut espérer apprendre c’est inespéré.

    « Saint Jean Marie Vianney a failli subir une grande injustice à cause de cela  »
    Oui c’est vrai.

    « (rappelons qu’il a pu justement devenir prêtre et qu’il avait 3 ans à la disparition de l’Ancien Régime source de tous les maux de l’Eglise »
    Je mets en cause l’habitude de tenir les fidèles à distance qui est inextricablement liée au statut du clergé sous l’Ancien régime (c’était le deuxième ordre après la noblesse) et qui lui a survécu pendant longtemps.

    « D’où découle en toute logique que le savoir c’est le pouvoir (citation du très catholique BACON),  »
    Je ne sais pas ce qu’a dit Bacon et je ne me réfère pas à lui. Mais je maintiens que le savoir c’est le pouvoir et que, pour cette raison, l’instruction c’est l’émancipation. Le travail d’instruction populaire et d’enseignement en français plutôt qu’en latin entrepris par Jean-Baptiste de La Salle est une initiative remarquable mais qui est l’exception plutôt que la règle. Il s’est fait emm…par tout le clergé de son époque.

     » une analyse structuraliste, voire marxiste qui fait de l’Eglise une structure empêchant l’ascension sociale de ses ouailles) »
    Je n’ai jamais lu d’analyse marxiste ou structuraliste. Votre objection ou plutôt votre procès d’intention tombe à côté de la plaque. Je n’ai jamais prétendu que l’Eglise universelle voulait empêcher l’ascension sociale de ses ouailles. Mais les clergés nationaux (catholiques ou protestants) dont les intérêts sont liés à ceux du pouvoir en place évidemment ! Vous confondez le clergé des pays de l’ancienne chrétienté dépendants du monarque parce qu’il leur donnait sa pitance et ses émoluments avec les ordres missionnaires comme les Jésuites en Amérique du Sud ou la papauté qui, précisément, luttait contre ces monarques. L’opposition du clergé de France au pape s’appelle le gallicanisme et traduit son allégeance mondaine ! Par ailleurs vous assimilez systématiquement l’Eglise au clergé. Les deux ne sont pas synonymes comme l’explique Vatican II. L’Eglise c’est l’ensemble des baptisés.

    « Supprimer le latin oblige le clergé à affronter le monde et ses ouailles moins soumis (ben tiens…le latin, cause d’oppression des peuples) »
    Non mais le maintien du latin comme obstacle à l’accès direct à la Bible et aux ouvrages de théologie maintient inexorablement ceux qui ne maîtrisent pas cette langue dans l’ignorance et la dépendance. L’instruction c’est l’émancipation, son absence c’est la dépendance et l’aliénation. Et c’est vrai pour tout…

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