On entend parfois l’expression « ils se sont connus…au sens biblique du terme » pour dire de deux personnes qu’elles ont eu une ou des relation(s) sexuelle(s). Parfois c’est une périphrase pudique, parfois c’est une allusion alourdie d’un sourire qui en dit long tout en ne disant rien…
Car l’expression « connaître » a dans la Bible un sens très différent de celui que nous lui donnons en français où il désigne le plus souvent un acte intellectuel qui permet de saisir une vérité et de s’en saisir. C’est même l’étymologie du verbe français comprendre qui signifie « prendre avec » ou de l’italien « capire » qui veut-dire littéralement « saisir ». La question « capito ? » en italien pouvant se traduire en français par « t’as saisi ? ».
Dans le langage de la Bible « connaître » quelqu’un signifie le connaître intimement. D’où la dimension sexuelle implicite de l’expression de la Vierge Marie qui répond à l’ange Gabriel lui annonçant qu’elle enfantera un fils : « Marie dit à l’ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? » (Luc 1, 34). Légitime perplexité….
De même quand on parle de la « connaissance de Dieu » on parle d’une connaissance intime de Dieu. Il s’agit de vivre une relation intime avec Dieu – certes sur un mode non sexuel – avec Celui qui, comme l’écrit Augustin d’Hippone « m’est plus intime qu’à moi-même ». C’est l’intimité de ceux qui sont sur la même longueur d’ondes et qui vivent dans une relation de confiance.
Le mot « confiance » étant synonyme du mot « foi » – on dit bien « j’ai foi en toi » – on comprend mieux pourquoi on entend parfois que « la foi donne la vie éternelle ».
C’est quand on met sa confiance en Dieu et qu’on s’efforce de faire ce qu’Il nous dit qu’on se rend disponible à recevoir ce qu’Il promet.
Car c’est Sa volonté qui nous sauve.
D’abord parce que en faisant Sa volonté qu’on évite de devenir inhumain. De ce point de vue Sa volonté nous sauve déjà ici-bas…de nous-mêmes. Elle nous sauve de cette force d’inertie qui nous entraîne à faire ce que décrit Paul « Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas » (Romains 7,19).
Mais surtout parce que c’est en cherchant à faire Sa volonté que l’on parvient à devenir plus humain en devenant plus aimant ou, pour reprendre une expression biblique, que l’on « transforme son cœur de pierre en cœur de chair » ce qui est la condition préalable pour entrer dans la Vie éternelle de Dieu. Pas simplement pour entrer dans l’éternité- l’enfer est éternel lui aussi – mais dans la Vie de Dieu qu’Il nous promet. Une vie de bonheur éternel en présence de Dieu et de tous ceux qui L’aiment.
D’où l’intérêt de demander à Dieu « Que Ta volonté soit faite » et de chercher authentiquement à la faire plutôt que de Lui demander d’exaucer notre volonté…quand ce n’est pas de faire nos quatre volontés.
C’est uniquement en cherchant à faire Sa volonté qu’on se met sur la même longueur d’ondes que Lui et qu’on entre dans Son intimité. Or, Dieu est amour et Sa volonté est que nous L’aimions et que nous aimions comme Il nous aime.
Ainsi donc quand on affirme que la foi nous donne la vie éternelle on n’affirme pas que c’est l’acquiescement de notre esprit aux dogmes de l’Eglise qui donne la vie éternelle car les dogmes ne sont que les formules par lesquelles on cherche à exprimer notre foi et on peut tout savoir sur Dieu et Le refuser : c’est ce qu’a fait Satan. Et l’évêque Pierre Cauchon en savait plus en théologie que Jeanne d’Arc.
La connaissance de Dieu et de Ses attributs ne suffit pas à nous ouvrir les portes de la vie éternelle : « Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi, et ils tremblent » (Jacques 2,19).
C’est la confiance que nous décidons de placer en Dieu pour nous guider dans la vie qui fait notre foi et non pas d’abord la pratique religieuse, la vie liturgique ou la vie sacramentelle. Ces dernières servent à renforcer notre décision de nous abandonner à Dieu et à Sa volonté mais elles ne s’y substituent pas.
C’est cette confiance que l’on appelle la foi et non l’étendue de nos connaissances métaphysiques, théologiques ou catéchétiques.
La preuve ?
Quand Jésus-Christ a voulu citer un exemple de foi à ses disciples et aux Juifs pieux de son époque Il a choisi de leur donner pour modèle à suivre et à imiter quelqu’un qui ne professait pas la foi d’Israël : un légionnaire romain païen dont Il venait d’exaucer la prière.
« Entendant cela, Jésus fut en admiration devant lui. Il se retourna et dit à la foule qui le suivait : Je vous le déclare, même en Israël, je n’ai pas trouvé une telle foi ! » (Luc 7, 1-10).
Connaître Dieu c’est d’abord Lui faire confiance et s’en remettre à Lui.
C’est cette connaissance-là qui nous ouvre les portes des cieux.