Le FN ou l’épouvantail providentiel des pharisiens contemporains

Les souverainistes parlent de la situation de la France, de ses maux et des remèdes à apporter à la souffrance de ses habitants. Leurs adversaires politiques et médiatiques préfèrent parler du FN, des turpitudes morales de ses dirigeants, de ses membres, de ses sympathisants et de ses électeurs. Ou ridiculiser François Asselineau. Ou encore organiser la coalition du silence autour des propos et des propositions Nicolas Dupont-Aignan ou encore de Jean-Frédéric Poisson.

Les souverainistes proposent une analyse politique (et donc économique) de la situation de la France qui, à ce titre, est discutable mais qui surtout appelle la discussion pour nourrir le débat démocratique devant précéder l’adoption de mesures politiques.

Leurs adversaires politiques et médiatiques préfèrent se cantonner à un discours relevant moins de la politique que de la démonologie et prennent une posture d’exorcistes. Pourquoi un tel refus du débat politique si ce n’est pour ne pas avoir à rendre de comptes sur les responsabilités qu’ils ont exercées pendant tant d’années ?

La coalition des partis de gouvernement est une réalité qu’ils ont eux-mêmes officialisée depuis les dernières élections régionales en pratiquant le désistement réciproque pour faire barrage au FN. Leur seul objectif n’est pas de nature politique mais électoral. C’est leur seul argument de campagne. Comment croire que ce n’est pas non plus leur seule ambition ?

Visiblement la perspective de voir de nouveaux venus, en l’occurrence de nouveaux élus, prendre des places de députés ou d’élus de la République suffit à les rendre fébriles alors qu’à l’inverse le sort de leurs compatriotes, qui dépend pourtant d’eux depuis des années, n’y parvient pas.

Qui les a vus trembler et s’agiter de la même manière sur les plateaux télévisés en évoquant les ravages du chômage, la montée de la délinquance, la fragilisation des familles en difficulté, le naufrage du système scolaire et les injustices sociales qui en découlent ou le développement ininterrompu de l’immigration illégale qui est pourtant la forme contemporaine de la traite humaine ?

Comment ne pas voir que les postures morales sont adoptées (front républicain) pour cacher des intérêts corporatistes qui n’ont rien à voir avec le bien du pays ?

Comment ne pas voir que les postures morales sont adoptées par des responsables politiques bien plus immoraux que ceux qu’ils dénoncent puisqu’ils bradent depuis des années le bien commun au profit de leur carrière ?

Car on ne peut pas à la fois se prétendre compétents et s’exonérer de ses responsabilités si la France va mal depuis tant d’années, c’est en grande partie à cause des décisions qui ont été prises et de celle qui n’ont pas été prises par ceux qui se sont succédé aux responsabilités depuis 40 ans.

Si vraiment le FN était le danger qu’ils décrivaient ils l’auraient interdit depuis des années lors d’un de leur passage à l’Elysée. Ils se sont bien gardés de le faire. Ils savent qu’il ne représente pas un danger mais au contraire un épouvantail bien commode en période pré-électorale pour noyer le(s) poisson(s) ?

Si l’origine idéologique du FN était vraiment le problème ils n’éprouveraient aucune difficulté à discuter avec les autres candidats souverainistes : ils s’en gardent bien, faute de pouvoir les anathématiser aussi facilement.

Heureusement pour eux qu’il reste au FN quelques militants issus de la première génération représentant ce qu’il a de plus honteux. Mais là encore c’et deux poids, deux mesures. Qui oserait reprocher les accointances des élus socialistes ou LR avec la grande délinquance organisée à Marseille ? Les protections accordées à des voyous en échange de services rendus est une constante dans l’histoire du PS (Gaston Defferre et les frères Guérini) comme à droite (le SAC pour les gaullistes). Deux poids, deux mesures.

Cela n’a jamais été invoqué pour constituer autour d’eux le moindre cordon sanitaire. Et pourtant c’est autrement plus dangereux pour la démocratie et les libertés publiques que quelques vieux révisionnistes qui n’exerceront jamais aucune influence ni morale, ni politique.

A l’inverse la dernière élue qui a commencé à vouloir dénoncer les arrangements entre la classe politique et la voyoucratie dans le sud-est l’a payé de sa vie : elle s’appelait Yann Piat et était un récent transfuge du FN. Mais ça personne ne le rappellera…

Ce n’est pas un hasard si la carte du vote souverainiste se confond avec celle des zones les plus pauvres et les plus frappées par les crises. Pas plus que ce n’est un hasard si leurs adversaires politiques, médiatiques et financiers sont localisés à Paris et dans les grandes villes mondialisées.

Ceux qui profitent de la situation ne veulent pas savoir ce que vivent les autres et, pour étouffer leur contestation, leur font la morale quand ils ne les ignorent pas purement et simplement. Heureusement que le FN leur fournit un repoussoir commode pour détourner le regard de la réalité.

Mais n’est pas là, précisément, ce que le Christ reprochait aux pharisiens ?

« Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt ».
(Matthieu 23, 5)