Dans son exemplaire du 11/12/2022 le quotidien Le Monde publiait un article de son chroniqueur Philippe Bernard intitulé « Que soit tourné en dérision l’idéal du “vivre-ensemble” donne la mesure de la perte des repères ». Il y déplore, entre autre choses, « l’instrumentalisation des débats sur l’immigration ».
En parlant d’instrumentalisation des débats sur l’immigration plutôt que de parler de l’immigration elle-même le chroniqueur parle comme si l’immigration était un argument partisan et non un problème objectif. Son indignation se double d’un déni de réalité qui est précisément à la racine du problème qu’il déplore.
Car si l’immigration n’est pas la cause de tous nos problèmes elle en est actuellement le plus redoutable puisqu’il menace non seulement notre cohésion sociale et la sécurité de nos cités mais également et d’abord notre civilisation c’est-à-dire notre manière de concevoir la vie et de vivre ensemble : plus il y a d’immigration et plus le pays se disloque sous les coups conjugués de la paupérisation qu’elle induit, de l’islamisation des mœurs qu’elle impose et de l’insécurité qu’elle renforce.
L’afflux permanent et incontrôlé de nouveaux entrants se fait dans une société désindustrialisée, qui ne parvient plus ni à instruire ni à former professionnellement ses enfants, peine à les loger et parfois même à les nourrir : les Restaurants du Cœur ne désemplissent malheureusement pas. Il contribue à aligner le niveau de vie du pays sur celui des pays d’origine des migrants.
1/ Migrations anarchique et anarchie dans la société
Les flux migratoires sont les vecteurs de l’islamisation progressive de pans entiers de notre territoire, entraînent la sécession de certains quartiers et les transforment en bastions inexpugnables. Ces mini-républiques islamiques autoproclamées refusent explicitement les lois de la République et les mœurs de notre civilisation. Le corollaire de cette islamisation est le régime de dhimmitude qui s’impose de facto dans de nombreux quartiers aux enseignants, aux femmes, aux représentants de l’Etat et plus largement à ceux qui sont attachés aux mœurs et à la civilisation française. Ce rapport de forces hostile et défavorable aux mœurs françaises se traduit par l’intimidation des musulmans ouverts et désireux de s’intégrer et les menaces à peine voilées – sans mauvais jeu de mots – de ceux d’entre eux qui voudraient pouvoir vivre selon leur conscience plutôt que sous la pression, l’oppression et éventuellement la répression de leurs pairs.
L’absence de débouchés que rencontrent les migrants une fois arrivés et les dettes qu’ils ont éventuellement contractées auprès des réseaux de passeurs les incitent, les poussent ou les forcent à entrer dans le monde de la criminalité. Là ils retrouvent des descendants d’immigrés qui ont adopté depuis longtemps un mode de vie alternatif combinant les revenus de l’assistance, la pratique de larcins, le recours habituel à une violence dénuée de toute mauvaise conscience et qui professent trop souvent leur la haine de la France.
Désormais plus personne n’ose sérieusement contester le lien entre immigration non désirée, hausse des violences ordinaires et impunité de fait. Ce phénomène est tellement patent que désormais même les médias les plus consensuels relatent comme une évidence que les supporters algériens ou marocains cassent tout en cas de victoire… Criminalité choisie ou forcée, les conséquences sont les mêmes pour leurs victimes, françaises et étrangères… car les premières victimes sont le plus souvent les voisins de paliers de ces délinquants et sont, elles aussi, d’origine immigrée.
2/ La démission de l’Etat, ce secret honteux
Bien sûr le problème que constitue l’immigration est d’abord dû au renoncement de l’Etat à exercer ses prérogatives régaliennes et que la déliquescence actuelle n’est que le retour à une France féodale que l’Etat (royal puis républicain) avait progressivement transformée. La résurgence du communautarisme est une résurgence du syndrome des tribus gauloises toujours en guerre les unes contre les autres que décrivait déjà Jules César dans la Guerre des Gaules.
C’est dans ce contexte de retrait de l’Etat que s’inscrit le développement de l’anarchie et de l’islamisme. Ou plutôt dans un contexte de démission de certains corps de l’Etat comme celui de la magistrature.
Trop de magistrats ne jugent plus « au nom du peuple français » mais en fonction de leurs propres présupposés idéologiques, des mètres carrés disponibles en détention ou de leur propre sensibilité. Il n’y a qu’en France où un syndicat de magistrats peut créer un « mur des cons » destiné à ridiculiser et à humilier un père de famille qui crie justice pour sa fille assassinée (Anne-Lorraine Schmitt) en dénonçant « le laxisme de la justice française et l’irresponsabilité des magistrats qui remettent en liberté des récidivistes alors qu’ils n’ont même pas fini leur peine ».
C’est au nom de la défense des droits de l’homme et du citoyen que nos magistrats et nos dirigeants ont renoncé à défendre les citoyens et les victimes. La racine du problème se situe en France mais c’est l’immigration qui la fait croître.
Mais cette démission de l’Etat, le chroniqueur du Monde, s’abstient de la pointer du doigt et préfère se réfugier dans des jérémiades qui ne coûtent pas cher mais surtout qui n’expliquent rien et ne proposent aucune solution.
Ce faisant, Philippe Bernard, illustre – à son corps défendant ? – la cécité volontaire de ceux qui ont un accès quasi monopolistique aux moyens de communication de masse. Il est le représentant de ces professionnels de la plume et du micro qui persistent à prendre leurs désirs pour des réalités dans l’espoir (mais y croient-ils encore ?) que la réalité finira par se conformer à leurs désirs.
Pourtant le chroniqueur le chroniqueur n’est pas à une contradiction près puisqu’il fournit lui-même l’explication de ce qu’il déplore : « Bien sûr, les incantations répétées à un « vivre-ensemble » ou à une « mixité sociale » mythifiés au moment même où les centres-villes se vident de leurs derniers habitants venus des classes populaires et où les banlieues concentrent de plus en plus les populations issues de l’immigration ont pu transformer la promesse en un cache-misère lénifiant ». Pourtant il persévère à détourner son regard du problème politique que constitue l’immigration aujourd’hui et préfère partir en guerre contre des moulins à vent.
3/ Ce qui permettrait de vivre ensemble c’est la culture de la France
Il confond la situation que nous souhaiterions tous – vivre ensemble sans crainte dans la paix et la sécurité – à celle que nous constatons tous : une société fragmentée, appauvrie et de moins en moins sûre où les conditions de possibilité du « vivre-ensemble » – les mœurs françaises, la culture française, la maîtrise de la langue française – sont de moins en moins réunies parce qu’elles sont de plus en plus contestées non seulement par des minorités actives (wokistes, frères musulmans) et de plus en plus niées par les institutions mêmes qui devraient les promouvoir leur diffusion et garantir leur transmission : « il n’y a pas de culture française, il y a une culture en France, elle est diverse » (Emmanuel Macron).
Depuis des années nos dirigeants se sont ingéniés à balayer d’un revers de main le triste spectacle de la réalité et à multiplier les incantations dont la notion de « vivre-ensemble » est la formule rituelle la plus fréquemment utilisée. Philippe Bernard feint de découvrir que cette formule est démonétisée et feint de s’en indigner. « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des effets dont ils chérissent les causes » disait Bossuet.
Philippe Bernard convoque Kylian Mbappé pour rappeler que l’invocation de la race ou de l’origine ethnique est le contraire du modèle de la civilisation française et il a bien raison : « Ça a toujours été clair : je suis né en France, mes parents sont français, j’ai grandi en France. Je suis français à 100 %. Pour moi, dire qu’on est noir, arabe, blanc, c’est mettre une barrière, et dans la nouvelle France, il n’y a pas de barrière, on est tous ensemble. »
Mais il fait semblant de ne pas savoir que ce que dit Kylian Mbappé est exactement ce que disent Jordan Bardella et Eric Zemmour et exactement le contraire de ce que disent Clémentine Autain, Alexis Corbière ou Sandrine Rousseau.
L’idéal d’une société harmonieuse et pacifiée n’est pas tourné en dérision. Au contraire c’est son absence qui est amèrement et douloureusement ressentie.
A l’inverse c’est le fait d’invoquer comme un mantra « le vivre-ensemble » pour détourner les yeux et le cœur de la lente et horrible décadence que subit notre pays sous les coups d’une politique d’immigration irresponsable – c’est-à-dire de l’abandon de l’idée même de bien commun – « qui donne la mesure de la perte des repères ».
De quoi le « vivre-ensemble » est-il le nom ? De ce que le général De Gaulle appelait « la chienlit », de ce que les penseurs politiques appellent l’anarchie et que l’on pourrait également baptiser l’impuissance publique.