Comme beaucoup de catholiques j’ai été élevé dans un esprit légitimiste.
Non pas au sens monarchique du terme mais dans le sens où j’ai été élevé dans l’idée qu’il fallait faire confiance aux autorités légitimes (Etat, clergé, école…). Ma confiance était acquise a priori.
Quand on ne savait pas on pouvait et on devait faire confiance à ceux qui étaient dans les institutions légitimes. On leur faisait crédit. C’était l’article premier du contrat social. Et en cas de défaillance de ces représentants et de ces institutions la marche à suivre était claire : il fallait se référer à cet article premier… et unique.
Cette confiance, nécessaire à la vie en commun, était en même temps excessive parce qu’enfantine. Je m’interdisais de faire confiance à mes intuitions et à ce que m’enseignait l’expérience quand elles contredisaient les autorités légitimes.
Car toute autorité qui n’est pas ordonnée au bien et à la vérité est une idole et Dieu veut nous libérer des idoles.
Ce processus de libération s’est fait pour moi en plusieurs étapes.
1/ Les idoles profanes
La première étape fut la saga de la Manif pour tous quand la Préfecture de police se joignait aux médias d’encadrement pour sous-estimer systématiquement l’affluence des rassemblements contre le projet de loi Taubira.
J’ai découvert alors que les représentants officiels de la Préfecture de police pouvaient mentir sur ordre ou, pire, mentir d’initiative pour complaire aux autorités politiques du moment. En discutant avec des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur j’ai appris que cette pratique était courante et qu’en 40 c’était dans la chasse aux Juifs qu’elle s’était illustrée, non par idéologie antisémite, mais pour plaire aux nouveaux maîtres du moment…
Rigolards mes interlocuteurs m’avaient fait remarquer que, tant que c’était les chiffres des manifestations de la CGT qui étaient sous-estimés, l’idée d’un mensonge officiel ne m’avait pas effleuré. J’ai alors pris conscience de mes propres œillères et de mes préjugés.
La deuxième étape fut l’épisode des Gilets jaunes avec le cocktail de répression aveugle, de déni de réalité (« Il ne faut pas parler de violences policières »), de mépris de classe (« Gaulois réfractaires »), de culpabilisation (« pour trouver un boulot il suffit de traverser la rue »), de désinformation (surmédiatisation des violences et occultation des manifestations pacifiques) et de stigmatisations calomnieuses («populiste», « antisémites »).
La troisième fut la gestion de la COVID : ordres, contre-ordres, désordres et mensonges à tous les étages. Mensonges relayés complaisamment (l’article du Lancet), arguments à géométrie variable («L’urgence ne doit pas vous pousser à prendre de la chloroquine car il n’y a pas d’études randomisées et donc pas assez de recul mais vaccinez-vous dès maintenant même s’il n’y a pas assez de recul car l’urgence c’est d’atteindre l’immunité collective»), conflits d’intérêts entre responsables de la santé publique (Agnès Buzyn, Yves Lévy, Yazdan Yazdanpanah) et chasse au Raoult qui les dénonçait.
Ces trois étapes ont remis en cause la confiance acquise que j’accordais aux institutions profanes. Mais il en va désormais de même vis-à-vis du clergé. Le drame des prêtres pédophiles est passé par là.
2/ Les idoles au sein de l’Eglise
Pendant longtemps j’avais haussé les épaules lorsque la presse parlait de pédophilie dans le clergé : je n’y voyais ni plus ni moins qu’un exemple supplémentaire de la calomnie anticatholique dont la presse française s’était fait une spécialité et dans laquelle elle se complaisait avec délectation.
L’Eglise était sa cible traditionnelle et elle se permettait avec elle de la harceler comme elle ne se le serait jamais permis avec d’autres religions. Puis quand il s’est avéré que le phénomène ne pouvait être assimilé à quelques cas isolés j’ai commencé à me demander pourquoi les médias catholiques n’en avaient jamais parlé et pourquoi seuls les médias profanes enquêtaient. L’idée qu’il y avait un cadavre dans le placard a commencé à faire son chemin dans mon esprit.
Puis quand il est apparu que c’était un drame qui durait depuis plusieurs décennies grâce au silence complice et parfois grâce à la complicité active d’évêques, de congrégations et de cardinaux je suis tombé de l’armoire. Ma confiance n’est donc plus acquise a priori aux représentants du clergé.
Comme le disait le Christ à propos de pharisiens : « Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent, et ne font pas » (Matthieu 23, 3).
Le bon côté des choses c’est que, pour moi et pour tous ceux qui sont comme moi, c’est l’occasion de gagner en maturité et en discernement et donc en liberté intérieure.
La liberté intérieure, appelée aussi « liberté des enfants de Dieu » est le fruit de la foi en Dieu et de Sa grâce mais elle est régulièrement combattue par le Monde et le Prince de ce monde.
C’est pourquoi les saints ont été si souvent persécutés : de manière sanglante parfois (les martyrs) mais aussi de manière sournoise. Jeanne d’Arc a été condamnée par un tribunal ecclésiastique et par l’évêque Pierre Cauchon qui était l’une des plus hautes autorités de l’Eglise de son temps.
La confiance ça se mérite et ça peut se perdre.
Ceux qui ne sont pas fiables ne doivent pas inverser les rôles et nous faire sentir coupables.
La vérité est subversive, c’est pour ça qu’elle rend libre
Nous plaçons notre confiance dans le Christ parce qu’il s’est montré digne de foi : Il nous a aimés jusqu’à en mourir et Il est ressuscité d’entre les morts alors quand Il nous tend la main on peut Lui accorder notre confiance. C’est-à-dire notre foi.
« A quelque chose malheur » est bon dit le proverbe profane.
La crise de confiance dans la parole publique et dans les non-dits d’une partie du clergé sont des occasions de croissance humaine et spirituelle pour ceux qui, comme moi, étaient parfois trop pusillanimes pour être vraiment lucides.
Réjouissons-nous donc de cette évolution qui est pour nous l’occasion de grandir en cohérence et de nous attacher plus encore à Jésus-Christ qui, parce qu’Il est vrai homme et vrai Dieu est signe de contradiction dans ce monde.
« Tout est grâce » disait sainte Thérèse de Lisieux.