Les valeurs morales sont subjectives

Les valeurs morales sont exactement comme les valeurs boursières : elles sont ce que le consensus social du moment décide de valoriser et qu’il finira par dévaluer pour le remplacer par d’autres valeurs.

Les valeurs n’ont aucune réalité objective puisqu’elles n’ont que la valeur qu’on veut bien leur donner. Les valeurs sont fondamentalement subjectives. Ceux qui affirment se battre pour les valeurs se battent en fait pour leurs valeurs c’est-à-dire pour promouvoir leur propre subjectivité.

La soumission à l’Eglise et au roi autrefois. Puis la défense de la patrie contre les Prussiens, la promotion de la République et de la laïcité sous la IIIème république. Ensuite, l’émancipation par le travail et par la consommation. Aujourd’hui les valeurs sont éclatées: la soumission à la charia pour certains, l’égalité républicaine et la tolérance pour d’autres le libre-échange généralisé et la liberté individuelle absolue pour d’autres encore.

Chacun ses priorités, chacun sa subjectivité… et chacun ses intérêts : le monde est ainsi fait. Chaque groupe social ou communauté théorise sa propre subjectivité et prétend l’ériger en norme universelle.

Mais le chrétien n’a pas reçu du Christ la mission de se battre pour des valeurs mais de renoncer à sa propre subjectivité car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé (Jean 6, 38).

Il ne s’agit pas de promouvoir certaines valeurs/subjectivités au détriment de valeurs/subjectivités rivales ni même de combler un manque de valeurs en remplissant un vide de note propre subjectivité collective.

Il s’agit de se brancher soi-même sur Celui qui est la source de tout amour pour rendre sensible la tendresse de Dieu pour les hommes : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même. (Luc 10, 27)

Il s’agit de renoncer à faire sa volonté propre car elle ne nous porte jamais spontanément à aimer autrui. Elle nous porte encore moins notre prochain qui n’est pas quelqu’un que nous avons choisi mais quelqu’un que Dieu a choisi de mettre sur notre chemin.

En s’imbibant de l’amour de Dieu et en se préoccupant concrètement du bien matériel, moral et spirituel de nos voisins on est sûr de faire la volonté de Dieu et non la sienne. On est sûr de ne pas instrumentaliser Dieu en brandissant des « valeurs » qui ne seraient que le pavillon de complaisance de notre propre subjectivité.

C’est comme ça et pas autrement que les premiers chrétiens ont converti Rome. C’est comme ça que les chrétiens africains et asiatiques annoncent aujourd’hui la Bonne nouvelle avec succès.

Emprunter la voie romaine