Ce petit témoignage s’adresse à tous ceux qui m’ont posé cette question sans que j’aie pu trouver sur le moment les mots adéquats pour exprimer ce que cela change pour moi.
Ça change quoi d’avoir la foi ?
Ça change tout et rien à la fois.
Ça ne change rien à ma condition d’humain. La foi ne protège pas contre les souffrances, les injustices, les maladies, les déceptions ou les tragédies. Ce n’est ni un anti-douleurs ni un anti-dépresseur. Encore moins une méthode Coué améliorée.
La foi chrétienne n’est pas un exercice d’auto-suggestion. Elle n’éclipse pas la réalité du mal. Elle ne l’explique même pas. Elle jette sur le mal un éclairage nouveau. C’est ça qui change tout.
Là où, à force de vivre avec, l’homme avait fini par se persuader que le mal était la loi du genre humain, la foi chrétienne affirme, contre toute évidence sensible, que le mal n’est pas la norme mais un dysfonctionnement qui sera corrigé in fine.
La foi chrétienne ne fait pas disparaître le mal mais transforme ce qui était auparavant une malédiction inéluctable en un scandale tragique mais provisoire.
Alors pourquoi est-ce que Dieu permet le mal ? Ce n’est pas ma foi qui me permettra de répondre à cette question. Mais c’est elle qui me permet de la poser.
Tout ce que je sais c’est que Dieu n’aime pas le mal, qu’il a délibérément décidé de l’endurer pour nous sauver et qu’il nous en débarrassera à la fin des temps.
C’est un changement de perspective qui, pour moi, change tout.
C’est la certitude que tout ce que je vis à un sens.
Que si tout ce que je vis est provisoire rien n’est dérisoire.
Je ne marche donc pas dans une vallée de larmes mais sur un chemin d’éternité. Et si je continue de boîter c’est avec la certitude que je suis aimé par Quelqu’un qui m’attend au terme du chemin
La fatigue et les souffrances ne disparaissent pas, loin de là. Elles s’accroissent même avec le temps qui passe.
Mais leur importance diminue à mesure que j’avance en âge. Mes joies, au contraire, acquièrent une saveur nouvelle car elles sont l’avant-goût d’un bonheur éternel.
Plus le temps passe et plus je constate que cette foi tout le monde en a besoin.
Plus le temps passe et plus je me dis que tout le monde y a droit et qu’il y a urgence à la proposer.
Voilà ce que je crois: telle est ma foi.
Louis Charles