Pour un chrétien le modèle à suivre c’est Jésus-Christ et Jésus prend très fréquemment notre intuition à rebrousse-poil, ce qui est extrêmement déroutant. Il n’avait qu’un très faible respect pour les usages, les conventions, les règles – même religieuses – de son époque. Sa liberté intérieure était déroutante. Il était paradoxal. Il était contre-intuitif.
Mais en même temps il révélait un Dieu tellement meilleur que l’image qu’on s’en faisait que certains le suivaient. Un Dieu qui aime, qui fait le premier pas, qui pardonne, qui patiente, qui s’humilie, qui donne gratuitement et qui se donne gratuitement.
Pour accepter cette logique contre-intuitive il faut changer radicalement notre manière de penser et de réagir. Il faut renoncer à l’esprit du monde qui est pourtant très profondément enraciné dans notre cœur. Spontanément nous agissons selon l’esprit du monde. Spontanément Saint Pierre a saisi une épée pour défendre Jésus quand ses ennemis sont venus l’arrêter. Spontanément il a pris les moyens du monde. Humainement c’était légitime. Mais pas du point de vue de Jésus. C’est pour cela qu’Il lui a demandé de rengainer son épée et qu’Il a soigné celui que Pierre avait blessé. C’est pourquoi l’Eglise doit prendre et surtout reprendre en permanence Jésus comme modèle.
De ce point de vue, les reproches adressés par le journaliste Jean-Marie Guénois au pape François sur les ondes de Radio Notre Dame le jeudi 2 octobre constituent paradoxalement autant d’encouragements pour le pape François : c’est l’hommage que la mondanité parisienne rend à l’humilité évangélique.
Le journaliste du Figaro lui reproche au fond de ne pas être un pape conforme à l’idée que le Figaro s’en fait en penchant dangereusement du côté de la radicalité évangélique. Quand le pape François cherche à incarner la pauvreté évangélique qu’il prêche et qu’il prône pour les autres Jean-Marie Guénois n’y voit pas le signe d’une cohérence entre ce que le pape dit et ce que le pape vit : non il y voit une pipolisation de la fonction qui affaiblit l’institution. Je ne peux m’empêcher de penser à Charles Maurras qui voulait extirper le « poison évangélique » de l’Eglise pour n’en garder que l’institution humaine, dernier vestige de la monarchie absolue de droit divin.
Considérant que le pape François penche dangereusement du côté de la simplicité évangélique, Jean-Marie Guénois a trouvé ridicule que le pape se soit déplacé dans une petite voiture lors de son voyage en Corée alors qu’il était isolé dans un cortège de de limousines officielles. Il reproche au pape François de ne pas se conformer à l’esprit et aux habitudes du monde. Mais encore heureux ! Monsieur Guénois qu’auriez-vous dit au Christ lorsqu’Il est entré dans Jérusalem juché sur un âne ? Lui auriez-vous reproché d’avoir été ridicule et d’avoir désacralisé la fonction de Messie d’Israël ? Auriez-vous préféré qu’Il « soit rentré dans Jérusalem porté par vingt esclaves parfumés sur une litière prêtée par Ponce Pilate » ?
Ce procès en ringardisation du pape par un vaticaniste salarié du Figaro en dit long sur l’état d’une certaine frange du catholicisme français qui persiste à ne voir dans l’Eglise qu’une institution mondaine à protéger plutôt qu’une communauté de disciples du Christ en pèlerinage terrestre. Une certaine frange du catholicisme qui s’obstine à faire semblant de croire que Jésus-Christ est venu sur terre pour fonder une monarchie de droit divin plutôt que pour sauver les hommes en donnant sa vie, laver les pieds des plus petits et guérir les malades.
En déplorant le dédain du pape François pour le luxe et la pompe vaticanesque – ce qu’il appelle désacraliser la fonction de pape – Jean-Marie Guénois reproche en fait au pape François de purifier la fonction pontificale. Car le modèle de pape monarque qui se bat pour défendre son prestige, sa puissance et son rang n’a jamais été aussi bien incarné que par les papes Borgia et n’a jamais été aussi mal incarné que par Saint Pierre !
Je comprends parfaitement que Jean-Marie Guénois soit désarçonné par la logique contre-intuitive du Christ car moi aussi, je suis souvent désarçonné par le Christ et sa manière d’agir. C’est normal : cela prouve que Jean-Marie Guénois et moi-même avons besoin de convertir notre cœur en permanence.
Mais pour cela il ne faut pas accuser ceux qui nous montrent l’exemple de trahir le dépôt de la foi et leur intenter des procès en irresponsabilité…
La recherche de l’illustration fut l’occasion de découvrir ce billet de Catholique aujourd’hui. L’étude faite des représentations de l’entrée à Jérusalem nous paraît un prolongement utile au débat actuel et au prolongement de Louis Charles. Henry le Barde
Amities,
Claude Duron
S’il lisait ces posts, j’aimerais demander à Jean Marie Guénois, si , symbolique pour symbolique,
il n’a pas eu le sentiment que c »était la procession d’officiels installés dans des limousines » les unes plus grandes que les autres » ( sic) qui du coup devenaient ridicules en comparaison avec la simplicité de la « petite » voiture papale.
Pour ma part, il me semble que le Pape a une très forte autorité naturelle ( et surnaturelle aussi d’ailleurs).
Du coup, il n’a pas besoin des artifices et des symboles impériaux auxquels JM Guénois semble si fort attaché
pour que sa présence soit notée, reconnue et respectée.*
Bref, le pape François, dans sa simplicité et son autorité, est comme un panneau indicateur vers le Christ lui-même.
Je ne vois vraiment pas où est le problème .
*Pas très sûr que Nicolas Sarkozy qui avait osé faire des SMS en présence du pape Benoit aurait osé faire de même devant François Je pense qu’il se serait fait fusiller du regard vite fait..
Pour Louis-Charles, pour ce qui concerne le fait d’être monté sur un âne ( le Christ entrant à Jérusalem) , ce n’est pas seulement un signe d’humilité mais un symbole de royauté ( cf Zacharie 9,9 , cela concerne aussi le Roi Salomon).
( on pense que pour se déplacer dans les villes escarpées ou pour atteindre les temples sur les hauts lieux , le pas sûr de l’âne était plus fiable que celui du cheval)
Mais la question est de savoir si on peut reprocher au pape de prendre le Christ pour modèle. Que quelqu’un qui se présente comme un catholique le fasse, c’est objectivement choquant et difficilement défendable.
La sensibilité – de droite ou de gauche – ne peut servir de critère de vérité. C’est ce que qui me semble le plus grave dans cette histoire : théoriser sa propre sensibilité et prétendre la substituer à la volonté du Christ.
Quant à la critique de la « monarchie de droit divin » elle me semble profondément juste à commencer par les guillemets qui entourent cette expression : jamais Dieu n’a accordé sa bénédiction aux rois de France. C’est une théorie qui a été forgée par des légistes du roi de France pour asseoir leur autorité de fait, concurrencer le pape et tenir le clergé sous sa coupe.
Dans la Bible c’est le peuple d’Israël qui réclame à Dieu d’avoir un roi pour être comme tous les autres peuples. En un premier temps Dieu refuse en arguant qu’Il est leur roi puis, devant leur obstination, leur concède un roi tout en les avertissant que ça finirait mal. Trois rois se succèdent (Saül, David et Salomon) et effectivement ça finit mal. Dieu met fin à l’expérience. Point.
Revendiquer plusieurs siècles un modèle monarchique qui a été refusé par Dieu lui-même sous prétexte d’être fidèle à Dieu c’est, une fois encore, substituer ses désirs à la volonté de Dieu. Là encore je ne vois pas comment on peut justifier cela du point de vue chrétien. C’est au sens propre du terme préférer la logique du monde (les Hébreux voulaient être comme tous les autres peuples qui l’entouraient) à celle de Dieu. C’est cela la mondanité.
Dire que ce que l’Eglise a fait de bien au cours de son histoire est dû aux vertus du modèle politique qu’elle a emprunté aux puissances de ce monde c’est nier qu’elle que sa sainteté lui vient de l’Esprit saint.
Que les protestants ne nous envient pas ce modèle c’est une litote. Quant aux orthodoxes je vous invite à (re)lire le texte de Fiodor Dostoïevski intitulé Le grand inquisiteur….
Si le pape François refuse les attributs de la puissance monarchique c’est tout simplement parce qu’il prend au sérieux les paroles du Christ. : quel chrétien à part peut le lui reprocher ?
Au moins un : Jean-Marie Guénois.
Certainement êtes vous fort dérangé intérieurement par la foi de cet Homme, le Pape François, par son audace à la suite du Christ.
L’on peut voir aussi votre malaise sur KTO devant certains de vos invités..
Sans doute vous dérange t-il profondément ?
La foi est un chemin, une relation avec une Présence vivante et la tradition est vivante.
Mais pourquoi, être aussi « méchant », pourquoi chercher à « saper » sa parole, ses actions ? Et à entraîner derrière vous des personnes? Est ce une entreprise de démolition à la quelle vous participez? Faites-vous partie de ce même corps : l’Eglise?
Avez-vous quelque reconnaissance pour Celle qui vous a enfanté à la Vie de relation par le Christ au le Père? Elle n’est pas parfaite dans son expression terrestre certes, mais Elle a besoin de nos cœurs aimants pour devenir meilleure, et non de nos suspicions sournoises.
Monsieur Guénois , mesurez-vous votre responsabilité d’homme public ? Notre monde meurt sous les coups des journalistes, qui ne veulent que scruter la faille de l’autre, la diffuser. Et ils en tirent une gloire.. Est ce votre cas ?
Notre monde a soif d’entendre la VIE qui sourd dans les cœurs de toutes les personnes, d’entendre l’Amour qui est présent dans tant de situations .
Notre cher Pape François rassemble , alors vous parlez de sa force populaire. Pourquoi cela semble t-il vous déranger ? N’avez vous pas analysé que sa parole est recherchée parce qu’elle nourrit nos frères , nos sœurs qui besoin d’une parole de réconfort, sa parole nous nourrit, nous donne de l’ESPERANCE.
Pourquoi ne parlez vous pas de ce pasteur influent aux Etats Unis qui souhaite œuvrer auprès du Pape François.
Nous avons besoin de paroles qui rassemblent, qui unissent, qui donnent envie de rencontrer l’autre, et non de paroles qui sèment la méfiance ou la défiance.
Monsieur GUENOIS, vous avez dans les mains, sous votre plume, beaucoup de responsabilités. Avez vous pris le temps d’écouter , de méditer, la Parole de Jésus.
St Jean 13, 34 : Aimez vous les uns les autres, COMME Je vous ai aimés, à ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres.
C’est un chemin où nous devons, nous encourager, nous soutenir. C’est URGENT.