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Islamisme et Coran : au-delà des pétitions de principe, on fait quoi ?

En dehors de l’impératif de protéger la population, et en particulier les Juifs qui n’avaient, une fois de plus, rien demandé, il y a deux choses qui me préoccupent.

D’une part, la cohésion nationale, faire en sorte que les gens se respectent pacifiquement entre musulmans et non musulmans et d’autre part, la cohésion de l’Europe qui pourrait être mise en cause si le Front national devenait trop puissant.

Beaucoup de musulmans ont fait part de leur condamnation des crimes commis ; je pense que ça va dans le bon sens de la cohésion nationale. C’était une manifestation pour l’unité, sans qu’elle signifie une adhésion aux positions politiques de Charlie Hebdo. Une unité basée sur la peur de la dislocation de la société, une réponse à la violence par un peu d’amour. De voir qu’une bonne partie de la France était capable de réagir par autre chose que des antagonismes, ça m’a fait plaisir.

D’une manière plus profonde, j’ai une réflexion plus polémique. Critiquer les fondements d’une religion est-il utile pour une démocratie quand certains de ses membres la revendiquent pour nuire à la paix sociale ? Autrement dit, peut-on examiner si une religion qui est brandie par une minorité de ses adeptes pour commettre des actes violents préconise la violence ?

J’ai entendu à la télé beaucoup de musulmans qui ont condamné ces agissements en proclamant que l’Islam, c’était la paix et non la violence. C’est bien s’ils le pensent, c’est rassurant, mais est-ce vrai ? Peut-on l’examiner ? Les terroristes ont-ils commis une erreur de doctrine, ou bien est-ce les pacifistes qui commettent majoritairement une erreur de doctrine ?  Pour y répondre, il faut examiner le coran et les hadiths. Il faut se donner la peine d’aller voir.

En effet, il est plus simple de condamner des terroristes musulmans qui se trompent complètement sur l’interprétation de leur religion que s’ils se conforment à cette religion. Malheureusement, la réponse est évidente. A titre d’exemple, il faut lire la sourate n°8. Il faut une sacrée dose de mauvaise foi pour y voir un texte pacifique ; mais je préfère cette mauvaise foi pacifique, à l’orthodoxie violente, en comptant sur la tradition vécue par la majorité des musulmans.

En poursuivant dans ce raisonnement, je pense que l’État français qui doit gérer la paix sociale de ses habitants parmi lesquels quelques millions de musulmans, devrait entamer une réflexion au sujet d’une religion dont certains préceptes préconisent le recours à la violence dans sa forme originelle et fondatrice. Je pense à ce titre-là, qu’un contrôle étroit des moyens et des lieux de diffusion de l’islam devrait être établi de manière à ce que la version violente de l’islam soit étouffée. Les solutions possibles sont multiples, mais il me parait indispensable d’affronter l’idée que l’islam a des racines violentes.

Le judaïsme a également des racines violentes. Le récit du livre de Josué décrivant des génocides commis au nom de Dieu, exprimé en termes objectifs, à l’occasion de la conquête de la terre sainte, pourrait être l’œuvre d’un psychopathe fanatique. Cependant, l’histoire du judaïsme en Europe a montré que ses adeptes étaient globalement pacifiques ; et en France, le judaïsme ne pose aucun problème de violence.

Le christianisme ne pose pas non plus de problème de violence dans ses fondements, puisque Jésus apparait comme un réformateur pacifiste, et même victimisant du judaïsme (tends la joue droite, heureux êtes-vous quand vous serez persécutés, aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent, etc …). Mais l’histoire du christianisme a montré qu’il était quand même possible de faire la guerre au nom du Christ. Cependant, à l’époque actuelle, il n’existe aucun courant violent en son sein.

Dans la société française, comme dans d’autres pays, la religion musulmane se retrouve donc être la seule à devoir compter parmi ses adeptes, des gens prêts à affronter par la violence la société qui les abrite.

Lors de la manifestation, on a vu que des musulmans ont proclamé que les terroristes n’étaient pas musulmans. Mais il faudrait examiner, pour le dire honnêtement, si les terroristes ont effectivement violé un dogme ou un principe essentiel de l’islam pour considérer de manière évidente qu’ils ne sont pas musulmans. Mais lorsqu’on lit des passages du coran tel que :

« O Prophète, incite les croyants au combat. S’il se trouve parmi vous vingt endurants, ils vaincront deux cents; et s’il s’en trouve cent, ils vaincront mille mécréants, car ce sont vraiment des gens qui ne comprennent pas. » (Sourate 8, v.65) « Un prophète ne devrait pas faire de prisonniers avant d’avoir prévalu [mis les mécréants hors de combat] sur la terre » (Sourate 8, v.67).  « Les Juifs disent : « Uzayr est fils d’Allah » et les Chrétiens disent : « Le Christ est fils d’Allah ». Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse! Comment s’écartent-ils (de la vérité)?  » (Sourate 9, v.30). « Si vous ne vous lancez pas au combat, Il vous châtiera d’un châtiment douloureux et vous remplacera par un autre peuple. » (sourate 9, v.37) « Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis. Ils combattent dans le sentier d’Allah : ils tuent, et ils se font tuer. » (sourate 9, v. 111).

On pourrait malheureusement multiplier les exemples. Citons plutôt Tocqueville : « Les tendances violentes et sensuelles du Coran frappent tellement les yeux que je ne conçois pas qu’elles échappent à un homme de bon sens. » Il n’y a aucun plaisir à se délecter de ces passages du Coran, dont pourrait se nourrir du mépris, qui mettent les musulmans sur la défensive. Mais il me semble néanmoins, que la présence d’une dimension violente au cœur des références islamiques, pourrait justifier une prise en charge par l’État de cette question. L’État pourrait exiger des prédicateurs de l’islam qu’ils apportent les garanties que tout discours violent soit condamné, que les passages du coran à connotation guerrière soient interprétés dans un sens allégorique, et que toute interprétation guerrière soit exclue.

Dans cette optique, un contrôle par l’État des discours musulmans véhiculés sur son sol paraît opportun. L’État pourrait également participer activement au développement et à la diffusion d’un discours théologique musulman pacifié, ou pourrait aider les musulmans à développer un esprit critique sur les fondements de leur religion, par exemple, en multipliant les expositions des œuvres issues du Moyen-Age musulman sur lesquelles est représenté Mahomet en personne, représentation qui ne posait jadis aucune difficulté dans le monde musulman.

Voici un lien d’une exposition de ces œuvres qui a eu lieu à la BNF
http://expositions.bnf.fr/islam/arret/03-2.htm

Je suis donc partisan pour que l’État examine de près les discours religieux, même du haut de sa laïque neutralité.

La morale : nécessaire et dangereuse à la fois

Toute morale est à la fois nécessaire et dangereuse.

Elle est nécessaire pour que les hommes ne sombrent pas dans l’inhumanité la plus complète. Sans elle la vie collective serait régie par la loi du plus fort c’est-à-dire par l’arbitraire et la violence. Et la vie de chaque personne étant entièrement dominée par le péché, son humanité en serait encore plus dégradée.

Mais elle est également dangereuse parce que, fixant des objectifs à atteindre sans en donner les moyens, elle prédispose les meilleures volontés à se fourvoyer et à désespérer. Car la morale ne donne pas de mode d’emploi : elle ne se préoccupe pas de pédagogie et ne dit pas un traître mot sur la nécessité de faire du temps son allié.

En opposant le bien au mal de manière – nécessairement – binaire la morale induit souvent une confusion entre le souhaitable et le possible qui condamne les meilleures volontés à l’échec et au découragement. En ne précisant pas explicitement que le trajet qui mène à l’idéal est nécessairement jalonné de points d’étape, elle condamne les bonnes volontés à tourner en rond puis à culpabiliser de tourner en rond et enfin à renoncer pour – au moins – mettre un terme à leur culpabilité[1]. En fin elle est dangereuse parce qu’elle transforme facilement les cœurs purs en cœurs durs.

Néanmoins l’échelle abstraite du Bien et du Mal est absolument indispensable pour pouvoir identifier le moindre mal dans les situations contingentes.

La Tradition catholique est une boîte à outils mise à disposition de tous les hommes pour aider chacun à devenir plus humain en devenant plus aimant. L’idée est d’y piocher à volonté pour réussir sa vie, pour croître en amour et en vérité. Mais elle ne peut être utile qu’à ceux qui connaissent les outils qu’elle contient et qu’elle en connaisse leur destination. C’est là qu’interviennent l’exercice du discernement et le libre-arbitre.

C’est à chaque personne de choisir l’outil qu’elle va utiliser, l’usage qu’elle va en faire et quand elle va en faire usage. C’est à chacun de fixer ses propres priorités – fixer la bibliothèque au mur, visser la porte du placard pour ne plus qu’elle tombe – mais in fine rien ne remplace la vertu de prudence car si on ignore ce à quoi tel outil est destiné alors on le transforme en arme par destination. Toute vérité se transforme en effet en arme de destruction massive dès lors qu’elle n’est plus ordonnée à la Charité ou tout simplement quand elle n’est pas utilisée à bon escient.

La logique de la morale n’est pas forcément celle de la psychologie humaine et ce qui est moralement bien peut s’avérer dramatiquement inopportun et entraîner des conséquences tragiques. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

C’est peut-être ainsi qu’il faut comprendre les options pastorales du pape François qui désarçonnent et parfois scandalisent certains catholiques. Mais en cela le pape François est doublement conforme au Christ.

Il est d’abord conforme à l’enseignement du Christ et en cela il ne se distingue pas de Benoît XVI, de Jean-Paul II.

Mais il est également conforme à la pédagogie du Christ qui ne parlait jamais de morale à ses interlocuteurs et, en cela, il diffère de ses prédécesseurs.

Comme le Christ qui, déjà à l’époque, scandalisait les pharisiens et les prêtres il commence par manifester sa bienveillance pour eux en s’intéressant à eux, en leur posant des questions sur ce qu’ils vivent. Et ce n’est qu’une fois cette confiance établie qu’il peut leur annoncer que Dieu les attend et est patient, que la foi n’est pas un cahier des charges à remplir mais un pèlerinage à accomplir.

C’est cette approche qui en a mis beaucoup en route. Comme disait Michel Audiard : un con qui avance ira toujours plus loin que deux intellectuels assis. Le tout c’est de se mettre en route.

Le fait que le pape François soit désormais écouté (ce qui ne veut pas dire nécessairement  entendu) alors qu’il dit la même chose que ses prédécesseurs et que le parlement européen l’ait applaudi à plusieurs reprises y compris au moment où il dénonçait l’euthanasie et l’avortement est un signe que son approche est la bonne et qu’insister prioritairement sur la morale empêche de prêcher l’évangile.

La morale est nécessaire au même titre que le sommeil ou la respiration mais elle ne constitue pas la Bonne nouvelle du Christ. Le pape François a compris non seulement que la morale est nécessaire et dangereuse à la fois mais qu’elle peut être dangereuse pour l’annonce de la foi.

Les seules condamnations morales récurrentes dans la bouche du Christ sont la dénonciation de l’hypocrisie religieuse et de règne de l’argent. Ne nous plaignons donc pas que le pape François marche exactement dans ses pas et n’en dévie pas. Ne nous désolons pas qu’il soit davantage entendu à l’extérieur de l’Eglise que ses prédécesseurs. Rendons grâce.

[1]   Cf la définition du puritanisme par Oscar Wilde : « Le puritanisme n’empêche pas de pécher il empêche seulement de prendre du plaisir à pécher ».

Les militants de la grande fluidification

Les militants de la grande fluidification considèrent que tout ce qui est compact, organisé et hérité du passé doit être défait afin que les atomes qui les composent soient rendus à leur liberté originelle.

Ils pensent ainsi parce qu’ils considèrent que les êtres humains se comportent naturellement et spontanément comme des atomes. Leur projet d’atomisation de la société en découle. En dépit de leurs déclarations d’intention et quel que soit leur degré de sincérité ou d’aveuglement il débouche inexorablement sur la loi de la jungle.

Les militants de la grande fluidification sont en campagne. Ils livrent une guerre des idées qui est une guerre planétaire dont la Manif pour tous constitue l’une des batailles. Une bataille absolument essentielle mais pas exclusive.

1/ Les atomes sont interchangeables

Les militants de la grande fluidification partent du principe que les atomes sont interchangeables et en déduisent que les hommes et les femmes doivent l’être aussi.

Du point de vue économique cela signifie qu’on délocalise tant qu’on peut en tirant les salaires à la baisse : un atome chinois c’est comme un atome français, non ? Et puis un atome ça n’a besoin que d’un minimum d’énergie, pas vrai ?

Du point de vue politique aussi : un atome français c’est comme un atome allemand. Pourquoi voter chacun dans son coin ? Autant les regrouper dans un ensemble unique.

Du point de vue anthropologique aussi : a-t-on jamais vu un atome mâle et un atome femelle ? Alors pourquoi s’obstiner à ranger les atomes en deux catégories arbitraires et absurdes ? Chez les atomes il n’y a pas de couples puisqu’il n’y a pas d’identité sexuelle. Donc il n’y a pas non plus matière à faire des distinctions entre différentes orientations sexuelles : un atome c’est un atome, un point c’est tout.

Le seul problème des militants de la grande fluidification c’est qu’il y a une inégale répartition d’atomes sur la planète : il faut donc favoriser les flux d’atomes d’un continent à l’autre. Que le cadre soit légal ou illégal n’a pas de sens. Que ce soit moral ou pas non plus. Le tout c’est de gérer les flux et éviter les déséquilibres.

2/ Il n’existe pas de bien commun

Les militants de la grande fluidification ne croient pas en l’existence d’un bien commun. Ils refusent même la possibilité qu’existe un bien commun.

Les militants de la grande fluidification sont prêts à admettre qu’il existe peut-être un bien individuel mais ils considèrent que chacun est responsable mais de bien commun il n’en est point.

Pourquoi ? Parce qu’ils n’acceptent ni l’idée de bien, ni l’idée de communauté.

Ils refusent l’idée que l’on puisse établir une échelle du bien et du mal qui soit autre chose que le reflet d’un point de vue particulier et donc arbitraire. Admettre que l’on peut essayer d’établir une échelle du bien et du mal serait reconnaître au moins implicitement qu’il existe un souverain bien en-dehors du monde des atomes parce qu’ils refusent l’idée qu’il puisse y avoir un autre monde que celui des atomes.

Ils refusent l’idée qu’une communauté puisse être autre chose qu’une structure d’aliénation. Par définition toute communauté est une prison…. à moins que ce soit une communauté d’élection et à condition que l’adhésion soit le résultat d’un engagement contractuel et à tout moment révocable. Une association d’atomes qui soit une association volontaire et précaire afin de ne pas compromettre le mouvement permanent qui doit rester l’horizon ultime.

Et comme, par définition, une communauté vise à tisser des liens privilégiés entre ses membres pour les retenir autour d’un intérêt commun toute communauté naturelle constitue un obstacle à ce grand projet de flux permanent d’atomes indéterminés. La durée, le long terme : voilà l’ennemi !

3/ Des réseaux en guise de raison

Les militants de la grande fluidification favorisent donc le développement de réseaux mais vous regardent de haut quand vous leur demandez leurs raisons.

Pourquoi ? Parce qu’ils sont logiques avec eux-mêmes : ne voulant plus aborder la question des fins ils veulent désormais se consacrer exclusivement à la question des moyens.

Puisque les êtres humains ont les mêmes caractéristiques que les atomes les militants de la grande fluidification se contentent de développer des réseaux et se dispensent d’en chercher les raisons.

Quand un fournisseur d’accès internet ou un opérateur téléphonique vient vous démarcher sur votre lieu de travail pour vous proposer des forfaits supplémentaires c’est pour augmenter les flux – un flux d’information et de divertissement en échange d’un flux financier – pas de s’adapter à vos besoins réels et individuels et encore moins à viser un bien. La question du contenu et de l’opportunité des flux n’est pas leur objet.

Quand un gouvernement cherche à promouvoir le mariage entre personnes du même sexe, la gestation pour autrui et la procréation médicalement assistée – il cherche à promouvoir les flux biologique et les flux d’argent – mais certainement pas les besoins réels des enfants et des mères naturelles. La question du bien de la société n’est pas leur objet.

Quand un autre gouvernement cherche à abolir l’interdiction de travailler le dimanche c’est pour favoriser la rencontre des atomes qui travaillent et des atomes qui achètent. C’est pour faciliter les flux financiers : pas pour améliorer la part des salaires de ceux qui travaillent ou pour promouvoir la vie de famille, la vie intérieure et la vie relationnelle. Car un atome n’a ni vie intérieure, ni vie relationnelle.

Quand des grands groupes industriels exploitent des ressources naturelles et mettent en péril l’environnement présent et futur c’est pour créer des flux : flux de matières premières qu’on pourra extraire et flux financiers qu’on pourra dégager. Hors des flux, on s’en fout : puisque les atomes vivent dans un monde exclusivement composé d’atomes il n’existe aucun environnement extérieur. Puisque les atomes ne se reproduisent pas il n’existe aucune génération future à ménager. Puisque les atomes sont interchangeables il n’y a pas de conditions de travail, de politique sociale ou de droit salarial : un atome disparu ou abîmé est immédiatement remplacé. L’expression « ressource  humaine » c’est une facilité de langage. C’est le mot ressource qui lui confère son sens.

4/ La troisième guerre mondiale est une guerre des idées

Si le programme des militants de la grande fluidification c’est « Chacun fait ce qu’il veut », leur grand péché est le mensonge. Ils refusent obstinément d’admettre que personne ne veut la même chose et que ça entraîne mécaniquement la guerre de tous contre tous. Ils refusent d’admettre qu’à ce petit jeu-là ce sont toujours les plus forts qui imposent leur loi : par la violence (anarchique au départ, institutionnelle ensuite), par la ruse, par l’argent, par la manipulation ou par une savante combinaison des quatre.

Si les militants de la grande fluidification sont surreprésentés dans les milieux dirigeants – économiques, politiques et médiatiques – c’est précisément parce qu’ils maîtrisent ces différents leviers et qu’ils en sont les premiers et les principaux bénéficiaires. C’est pour cela qu’ils pratiquent le déni de réalité à échelle industrielle. C’est pour cela qu’ils parviennent à imposer leur vision d’un monde idéal parce qu’atomisé.

S’ils font semblant de ne pas comprendre que la suppression du plus grand nombre de règles au nom de la liberté individuelle débouche sur la liberté du loup lâché dans la bergerie c’est parce qu’eux-mêmes ne sont pas des agneaux…

Le combat qu’ils mènent à l’échelle de la planète pour faire triompher leurs conceptions est un combat culturel.

Actuellement le combat fait rage à l’intérieur de chaque parti, à l’intérieur de chaque pays, redessine les clivages traditionnels et redistribue les cartes.

La Manif pour tous est l’une des batailles de cette guerre planétaire que se livrent actuellement ceux qui croient qu’il existe un bien commun et qu’il faut chercher à l’atteindre même s’ils ne sont pas forcément d’accord sur sa définition et ceux qui ne veulent même plus en entendre parler.

Dans le premier camp on trouve des courants très hétéroclites en apparence seulement : les partisans de la Manif pour tous, les vrais écologistes comme José Bové, les souverainistes comme Hervé Mariton, les vrais altermondialistes comme Nouvelle Donne, les partisans de la frugalité heureuse et de l’agriculture raisonnée comme Pierre Rabhi ou Claude et Lydia Bourguignon et d’autres encore.

Dans le camp opposé on trouve la gauche de gouvernement, des lobbies comme Terra Nova et  LGBT, les idéologues de la zone de libre échange pure et parfaite (la Commission européenne), les opposants au contrôle des flux financiers et migratoires (le MEDEF, Emmanuel Macron), les partisans de l’horreur bio-éthique (Pierre Bergé), ceux qui veulent toujours être du côté du manche (Alain Juppé, Alain Minc, Bernard-Henry Lévy), les incubateurs d’adultère tarifé (Gleeden), les apprenti-sorciers des réformes sociétales (Najat Vallaud-Belkacem, Christiane Taubira), les puissances de l’argent qui manipulent les opinions (Maurice Lévy, Pierre Bergé, Matthieu Pigasse, Xavier Niel) et bien d’autres encore.

Le combat planétaire est en fait une guerre des idées.

C’est elle qu’il faut  remporter car c’est d’elle que dépend l’avenir de toute forme de civilisation et de l’humanité.

La troisième guerre mondiale a déjà commencé.

On exagère trop souvent l’importance des sacrements

Les catholiques pratiquants ont tendance à surévaluer l’importance des sacrements dans leur pèlerinage terrestre, sans doute parce que les non-pratiquants et a fortiori les non croyants en sous-estiment l’importance.

Mais ils les surévaluent néanmoins.

D’abord parce qu’ils oublient souvent que si la grâce de Dieu passe par les sacrements elle n’en est pas prisonnière pour autant.

Les Coréens sont devenus chrétiens en l’absence de prêtres. Ils n’en ont fait venir qu’après leur conversion initiale. De même des générations de chrétiens japonais et chinois ont vécu et transmis leur foi en l’absence de prêtres et donc d’accès aux sacrements. A en juger par les persécutions et le martyre qu’ils ont endurés sans rien renier et en faisant des disciples – le sang des martyrs est semence de chrétiens – la grâce ne leur a pas fait défaut pour autant.

Ensuite parce qu’ils négligent le fait que la grâce peut très bien ruisseler sur les chrétiens sans pour autant pénétrer leurs cœurs.

Le Rwanda a longtemps été considéré comme la vitrine de l’Eglise catholique en Afrique : tous étaient baptisés, 98 % de la population allait à la messe tous les dimanches, se confessaient régulièrement, les séminaires étaient pleins à craquer et on disait parfois au Vatican que le Rwanda était le jardin dans lequel Dieu aimait venir se reposer à la fin de la journée. Puis, du jour au lendemain ces catholiques modèles se sont entre-tués dans un déchaînement de violence et de haine qui en a fait un génocide sans équivalent dans l’histoire, pourtant sanguinaire, de ce continent. Pourtant tous les génocidaires rwandais ruisselaient de grâce sacramentelle.

C’est pourquoi accorder plus d’importance à la fréquentation des sacrements qu’aux devoirs que nous avons envers notre prochain – celui qui m’est proche et non celui que j’ai choisi – et qu’à notre devoir d’état – ceux qui nous sont moins proches et parfois inconnus mais envers qui nous avons des devoirs – est dangereux.

Pourquoi ? Parce qu’elle nous incite plutôt à être confits en dévotion qu’à la sanctification qui, elle, passe nécessairement par la conversion du cœur.

Car cette conversion est ce qui dépend de nous en priorité : c’est de nous mettre en état d’accueillir cette grâce pour qu’elle puisse produire ses effets. Si nous ne le faisons pas personne ne pourra le faire à notre place, même pas Dieu qui, fort logiquement, respecte la liberté qu’Il nous a donnée.

La priorité c’est de convertir son cœur concrètement : en modifiant ses habitudes, en renonçant à d’autres, en demandant pardon, en nous réconciliant, en fortifiant son intelligence de la foi, en aiguisant son discernement, en priant davantage, en gagnant en maturité spirituelle et en dilatant son cœur pour accroître sa capacité à aimer.

La priorité n’est pas de fréquenter les sacrements mais de travailler sur soi pour permettre à ces sacrements d’agir. Alors seulement la grâce cessera de ruisseler et pourra pénétrer mais tant qu’on se dispense de ce travail sur soi la grâce glisse sur nous comme l’eau sur les plumes d’un canard.

En accordant trop d’importance à la fréquentation des sacrements, on néglige ce travail permanent de conversion du cœur et on court le risque de sombrer dans l’autosuggestion. On peut très bien fréquenter les sacrements en barbotant dans la superstition ou l’animisme en confondant – consciemment ou pas – nos désirs avec la volonté de Dieu. C’est peut-être même l’explication des difficultés que nous rencontrons dans la transmission et le témoignage de notre foi.

A la différence de la magie – noire ou blanche – la grâce de Dieu ne s’impose jamais à notre liberté et ne se déploie qu’avec notre consentement éclairé. Dieu nous a donné la liberté et Il ne reprend pas ce qu’Il a donné : Dieu nous prend au sérieux.

Jean-Marie Guénois contre le pape François

Pour un chrétien le modèle à suivre c’est Jésus-Christ et Jésus prend très fréquemment notre intuition à rebrousse-poil, ce qui est extrêmement déroutant. Il n’avait qu’un très faible respect pour les usages, les conventions, les règles – même religieuses – de son époque. Sa liberté intérieure était déroutante. Il était paradoxal. Il était contre-intuitif.

Mais en même temps il révélait un Dieu tellement meilleur que l’image qu’on s’en faisait que certains le suivaient. Un Dieu qui aime, qui fait le premier pas, qui pardonne, qui patiente, qui s’humilie, qui donne gratuitement et qui se donne gratuitement.

Pour accepter cette logique contre-intuitive il faut changer radicalement notre manière de penser et de réagir. Il faut renoncer à l’esprit du monde qui est pourtant très profondément enraciné dans notre cœur. Spontanément nous agissons selon l’esprit du monde. Spontanément Saint Pierre a saisi une épée pour défendre Jésus quand ses ennemis sont venus l’arrêter. Spontanément il a pris les moyens du monde. Humainement c’était légitime. Mais pas du point de vue de Jésus. C’est pour cela qu’Il lui a demandé de rengainer son épée et qu’Il a soigné celui que Pierre avait blessé. C’est pourquoi l’Eglise doit prendre et surtout reprendre en permanence Jésus comme modèle.

De ce point de vue, les reproches adressés par le journaliste Jean-Marie Guénois au pape François sur les ondes de Radio Notre Dame le jeudi 2 octobre constituent paradoxalement autant d’encouragements pour le pape François : c’est l’hommage que la mondanité parisienne rend à l’humilité évangélique.

Le journaliste du Figaro lui reproche au fond de ne pas être un pape conforme à l’idée que le Figaro s’en fait en penchant dangereusement du côté de la radicalité évangélique. Quand le pape François cherche à incarner la pauvreté évangélique qu’il prêche et qu’il prône pour les autres Jean-Marie Guénois n’y voit pas le signe d’une cohérence entre ce que le pape dit et ce que le pape vit : non il y voit une pipolisation de la fonction qui affaiblit l’institution. Je ne peux m’empêcher de penser à Charles Maurras qui voulait extirper le « poison évangélique » de l’Eglise pour n’en garder que l’institution humaine, dernier vestige de la monarchie absolue de droit divin.

Considérant que le pape François penche dangereusement du côté de la simplicité évangélique, Jean-Marie Guénois a trouvé ridicule que le pape se soit déplacé dans une petite voiture lors de son voyage en Corée alors qu’il était isolé dans un cortège de de limousines officielles. Il reproche au pape François de ne pas se conformer à l’esprit et aux habitudes du monde. Mais encore heureux ! Monsieur Guénois qu’auriez-vous dit au Christ lorsqu’Il est entré dans Jérusalem juché sur un âne ? Lui auriez-vous reproché d’avoir été ridicule et d’avoir désacralisé la fonction de Messie d’Israël ? Auriez-vous préféré qu’Il « soit rentré dans Jérusalem porté par vingt esclaves parfumés sur une litière prêtée par Ponce Pilate » ?

Ce procès en ringardisation du pape par un vaticaniste salarié du Figaro en dit long sur l’état d’une certaine frange du catholicisme français qui persiste à ne voir dans l’Eglise qu’une institution mondaine à protéger plutôt qu’une communauté de disciples du Christ en pèlerinage terrestre. Une certaine frange du catholicisme qui s’obstine à faire semblant de croire que Jésus-Christ est venu sur terre pour fonder une monarchie de droit divin plutôt que pour sauver les hommes en donnant sa vie, laver les pieds des plus petits et guérir les malades.

En déplorant le dédain du pape François pour le luxe et la pompe vaticanesque – ce qu’il appelle désacraliser la fonction de pape – Jean-Marie Guénois reproche en fait au pape François de purifier la fonction pontificale. Car le modèle de pape monarque qui se bat pour défendre son prestige, sa puissance et son rang n’a jamais été aussi bien incarné que par les papes Borgia et n’a jamais été aussi mal incarné que par Saint Pierre !

Je comprends parfaitement que Jean-Marie Guénois soit désarçonné par la logique contre-intuitive du Christ car moi aussi, je suis souvent désarçonné par le Christ et sa manière d’agir. C’est normal : cela prouve que Jean-Marie Guénois et moi-même avons besoin de convertir notre cœur en permanence.

Mais pour cela il ne faut pas accuser ceux qui nous montrent l’exemple de trahir le dépôt de la foi et leur intenter des procès en irresponsabilité…

La recherche de l’illustration fut l’occasion de découvrir ce billet de Catholique aujourd’hui. L’étude faite des représentations de l’entrée à Jérusalem nous paraît un prolongement utile au débat actuel et au prolongement de Louis Charles. Henry le Barde

Les valeurs morales sont subjectives

Les valeurs morales sont exactement comme les valeurs boursières : elles sont ce que le consensus social du moment décide de valoriser et qu’il finira par dévaluer pour le remplacer par d’autres valeurs.

Les valeurs n’ont aucune réalité objective puisqu’elles n’ont que la valeur qu’on veut bien leur donner. Les valeurs sont fondamentalement subjectives. Ceux qui affirment se battre pour les valeurs se battent en fait pour leurs valeurs c’est-à-dire pour promouvoir leur propre subjectivité.

La soumission à l’Eglise et au roi autrefois. Puis la défense de la patrie contre les Prussiens, la promotion de la République et de la laïcité sous la IIIème république. Ensuite, l’émancipation par le travail et par la consommation. Aujourd’hui les valeurs sont éclatées: la soumission à la charia pour certains, l’égalité républicaine et la tolérance pour d’autres le libre-échange généralisé et la liberté individuelle absolue pour d’autres encore.

Chacun ses priorités, chacun sa subjectivité… et chacun ses intérêts : le monde est ainsi fait. Chaque groupe social ou communauté théorise sa propre subjectivité et prétend l’ériger en norme universelle.

Mais le chrétien n’a pas reçu du Christ la mission de se battre pour des valeurs mais de renoncer à sa propre subjectivité car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé (Jean 6, 38).

Il ne s’agit pas de promouvoir certaines valeurs/subjectivités au détriment de valeurs/subjectivités rivales ni même de combler un manque de valeurs en remplissant un vide de note propre subjectivité collective.

Il s’agit de se brancher soi-même sur Celui qui est la source de tout amour pour rendre sensible la tendresse de Dieu pour les hommes : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même. (Luc 10, 27)

Il s’agit de renoncer à faire sa volonté propre car elle ne nous porte jamais spontanément à aimer autrui. Elle nous porte encore moins notre prochain qui n’est pas quelqu’un que nous avons choisi mais quelqu’un que Dieu a choisi de mettre sur notre chemin.

En s’imbibant de l’amour de Dieu et en se préoccupant concrètement du bien matériel, moral et spirituel de nos voisins on est sûr de faire la volonté de Dieu et non la sienne. On est sûr de ne pas instrumentaliser Dieu en brandissant des « valeurs » qui ne seraient que le pavillon de complaisance de notre propre subjectivité.

C’est comme ça et pas autrement que les premiers chrétiens ont converti Rome. C’est comme ça que les chrétiens africains et asiatiques annoncent aujourd’hui la Bonne nouvelle avec succès.